
Après la défaite de Nicolas Sarkozy et son retrait de la vie politique, l’UMP tente de se remettre en ordre de bataille pour les législatives. Malgré un objectif affiché d'unité, des voix dissidentes se font déjà entendre.
La droite peut gagner aux législatives les 10 et 17 juin. C’est le message qu’ont fait passer les ténors de l’UMP lors d’un bureau politique extraordinaire le 7 mai, afin de mobiliser les cadres du parti au moment où celui-ci traverse sa première crise politique depuis sa création en 2002. "Nous avons perdu la présidentielle, mais la bataille des législatives n'est pas gagnée pour la gauche. Le pays n'est pas traversé par une vague rose", a lancé le Premier ministre François Fillon.
Pour la première fois de son histoire, le parti de droite passe dans l’opposition et perd dans la foulée son charismatique leader Nicolas Sarkozy. Groggys, ses responsables tentent de rester groupés pour sauver les meubles. Décapitée, l’UMP peut-elle vraiment sauver la face aux législatives ?
Pour y arriver, les partisans de l'UMP sont invités à s’abstenir de chercher les causes de la défaite afin d’éviter un grand déballage avant les élections. Le mot d’ordre : unité et rassemblement. Les responsables ont réaffirmé "à l'unanimité" leur "attachement à la cohésion, à la solidité et au rassemblement total de notre famille politique", a assuré le secrétaire général du parti, Jean-François Copé, à l’issue du bureau politique.
Il a également confirmé la mise en place d'un "comité stratégique de campagne" pour mener la bataille des législatives. Il aura pour mission de mener collégialement la campagne des législatives et d'éviter ainsi toute querelle des chefs avant l'heure. Il sera composé de Jean-François Copé, François Fillon, les anciens Premiers ministres Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin, les anciens secrétaires généraux Xavier Bertrand et Patrick Devedjian, et l'équipe dirigeante du parti, dont Michèle Alliot-Marie, Brice Hortefeux, Jean-Claude Gaudin ou encore Bernard Accoyer. Ils se rencontreront dès jeudi, puis une fois par semaine.
Guerre des chefs
Reste à voir si la guerre des chefs ne prendra pas le dessus d’ici les législatives. Plusieurs ténors de l’UMP, comme Jean-François Copé, François Fillon ou encore Jean-Pierre Raffarin, sont déjà positionnés sur la ligne de départ, soit pour les municipales de 2014, soit pour la présidentielle de 2017. Mais il est fortement déconseillé de sortir du rang. "Pour [la] succession [de Sarkozy], les couteaux sont déjà affûtés mais personne ne les sortira avant le lendemain des législatives. Celui qui fait ça est un homme mort, les militants ne le pardonneraient pas", assure un ténor sous couvert d'anonymat à l’AFP. Les statuts du parti prévoient l'organisation d'un congrès à l'automne pour élire son président.
Après la victoire de François Hollande, le président sortant Nicolas Sarkozy a, dès le 6 mai au soir, officiellement annoncé son retrait de la vie politique. "Une page se tourne pour moi, a-t-il encore confié le lendemain à son premier cercle. Je ne serai pas candidat aux législatives, ni aux élections à venir." Il a également ajouté, avec une pointe d’ironie : "Soyez rassurés, je renouvellerai ma carte [de l'UMP ndlr] et je paierai ma cotisation. Mais je quitte l'opérationnel".
Voix dissidentes
Sans véritable leader, la victoire aux législatives paraît toutefois difficile. Sans compter que le parti doit affronter de sérieuses difficultés et que le Front national se tient en embuscade pour devenir le premier parti d’opposition. Le bureau politique a rappelé lundi 7 mai qu’il n’y aura aucune alliance avec le Front national.
François Fillon a exhorté les responsables de l'UMP à "se battre sur [leurs] convictions" et à "ne céder ni à la gauche, ni au FN". Roselyne Fèbvre, spécialiste politique à FRANCE 24, estime que "l’UMP a beaucoup à perdre dans les triangulaires du second tour".
Après avoir constaté le recul de Nicolas Sarkozy dans tous les arrondissements parisiens, y compris dans les bastions de droite, une poignée d’élus UMP ont appelé les instances du parti à revoir les investitures dans la capitale. Marie-Claire Carrère-Gée (XIVe arrondissement), dissidente dans la 11e circonscription face au maire du VIe Jean-Pierre Lecoq, a appelé "les instances de l'UMP à revenir sur la décision, aussi inattendue que malheureuse", d'investir "un élu qui est de fait inconnu de quelque 85% de la population de la circonscription". Les résultats du président sortant au second tour (44,40% dans Paris et 39,74% dans le XIVe) l’ont, affirme-t-elle, encouragée à demander cette réorganisation.
Contesté dans son fief du XVIIe arrondissement, le député Bernard Debré, faisant écho à la position du bureau politique, implorait le 7 mai sur son blog : "Toute division, toute dissidence, affaiblirait gravement notre mouvement et pourrait compromettre l’avenir de la droite".