logo

Un double attentat kamikaze perpétré dans les locaux du journal This Day, à Abuja, la capitale du pays, et à Kaduna, dans le nord, a provoqué la mort d'au moins huit personnes. Un suspect, membre présumé du groupe islamiste Boko Haram, a été arrêté.

AFP - Au moins huit personnes, dont un kamikaze, ont été tuées jeudi au Nigeria, dans la capitale Abuja et à Kaduna, une grande ville du nord, dans deux attentats visant pour la première fois des journaux de ce pays régulièrement secoué par des attaques meutrières d'islamistes.

Quelques heures plus tard une autre bombe a explosé sur une route du sud de Kaduna, faisant trois blessés, a indiqué un responsable des secours.

A Abuja, un attentat-suicide a frappé le bâtiment abritant la rédaction et l'imprimerie du quotidien national privé ThisDay, l'un des journaux les plus influents du pays.

Un kamikaze en voiture a été autorisé par la sécurité à s'introduire dans l'enceinte de ce journal par le portail situé à l'arrière. Il a provoqué une explosion au niveau de l'imprimerie, endommageant sérieusement l'édifice.

Il a tué trois personnes, dont un agent de sécurité et deux individus qui se trouvaient à l'extérieur, selon une source au sein des services de secours.

A Kaduna, l'une des grandes villes du nord majoritairement musulman, une bombe a explosé devant un immeuble abritant les rédactions de plusieurs journaux, dont ThisDay.

"Il y a également quatre morts et 19 blessés", selon la même source;

Les médias au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec 160 millions d'habitants, n'avaient encore jamais été la cible de telles attaques.

Les Etats-Unis ont condamné les attentats de jeudi, estimant qu'ils visaient "la liberté d'expression elle-même".

Sans pouvoir en désigner les auteurs, la porte-parole du département d'Etat Victoria Nuland s'est inquiètée de "la menace que représente Boko Haram", le groupe islamiste accusé d'être derrière la plupart des attaques au Nigeria.

L'un des deux auteurs de l'attaque de Kaduna a été appréhendé par des témoins puis remis aux autorités, selon le service des renseignements de la police (SSS).

Dans un communiqué, les SSS affirment qu'il s'appelle Umaru Umaru Mustapha et provient de Maiduguri, ville du nord-est où Boko Haram a sa base.

Ce mouvement a revendiqué plusieurs attentats meurtriers de grande envergure ces derniers mois. Il est tenu responsable d'attaques quasi quotidiennes à l'explosif ou à l'arme à feu, le plus souvent dans le nord.

Un porte-parole présumé de Boko Haram avait récemment menacé la presse, affirmant que les autorités utilisaient les journaux pour diffuser des informations contre le groupe.

Le président nigérian Goodluck Jonathan, en déplacement en Côte d'Ivoire, a condamné des actes "ignobles".

L'explosion d'Abuja a provoqué la panique chez des habitants se rappelant l'attentat-suicide du 26 août 2011 contre le siège des Nations unies dans la capitale, qui avait fait 25 morts. L'attaque avait été revendiquée par Boko Haram.

ThisDay a son siège dans la capitale économique Lagos mais dispose d'une importante rédaction dans la capitale fédérale.

A Kaduna, des témoins ont affirmé qu'un homme avait déposé une bombe devant le bâtiment, puis avait conduit sa voiture dans l'enceinte de cet édifice avant de s'enfuir. La bombe a explosé, puis le véhicule.

Les SSS affirment que les assaillants étaient au nombre de deux dont celui qui aurait été neutralisé par des témoins. Ils ne précisent pas ce qu'il est advenu du second.

La bombe, moins forte, qui a explosé plus tard à Kaduna avait été déposée sur la route par un membre présumé de Boko Haram, selon un responsable de l'agence nationale des services de secours (NEMA), Aliyu Mohammed.

Kaduna avait été secouée le dimanche de Pâques par un attentat à la voiture piégée, près d'une église, ayant fait au moins 41 morts. L'attaque n'a pas été revendiquée mais rappelle celle du jour de Noël 2011, dans le centre du pays, dont Boko Haram s'était attribué la responsabilité. Une explosion visant une église avait fait 44 morts à la sortie de la messe de la Nativité.

Plus de 1.000 personnes ont été tuées depuis mi-2009 dans des violences attribuées au groupe.
 

it
FOCUS
L'un des principaux quotidiens nationaux visé par un double attentat