Malgré la présence d'observateurs onusiens, les violences gagnent en intensité en Syrie. Dans le centre de la capitale Damas, une voiture piégée a explosé blessant trois personnes. Une attaque que les médias syriens imputent à des "terroristes".
AFP - Les violences redoublent d'intensité malgré la présence d'observateurs de l'ONU en Syrie où une voiture piégée a explosé mardi faisant trois blessés au lendemain de la journée la plus meurtrière depuis l'entrée en vigueur le 12 avril d'un cessez-le-feu violé quotidiennement.
AFP - Neuf militants ont été abattus lundi à Hama, dans le centre de la Syrie, par les forces du régime du président Bachar al-Assad, au lendemain de leur rencontre avec des observateurs de l'ONU, rapporte mardi une ONG basée au Caire.
"Hama a été la cible lundi d'une vaste campagne militaire et de sécurité au lendemain de la visite d'observateurs dans des quartiers de cette ville où ils avaient rencontré des habitants qui ont évoqué leurs souffrances et les conséquences des opérations militaires menées contre leur ville", a indiqué la Ligue syrienne des droits de l'Homme (LSDH).
Une voiture piégée a explosé à Marjé, dans le centre de Damas, faisant trois blessés et des dégâts matériels, selon la télévision syrienne officielle, qui a imputé l'attaque à des "terroristes".
La veille, 54 civils ont été tués, dont 31 à Hama (centre) "par des tirs à la mitrailleuse des forces régulières, et cinq soldats dans des opérations qui les visaient", selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Ces violences meurtrières se poursuivent en dépit d'une trêve prévue dans le cadre d'un plan de sortie de crise proposé par l'émissaire international Kofi Annan.
Une équipe avancée d'observateurs circule quotidiennement dans les villes touchées par la répression de la contestation, préparant le terrain aux 300 observateurs internationaux qui seront déployés à partir de la semaine prochaine.
Ils sont chargés de surveiller le cessez-le-feu et d'aider à faire appliquer les autres points du plan Annan: retour de l'armée dans les casernes, libération des détenus politiques, ouverture d'un dialogue politique entre pouvoir et opposition.
"Onze Casques bleus sont sur le terrain, dont deux sont basés à Homs" (centre), ville symbole de la répression, à la demande des habitants qui redoutent de nouvelles attaques, a déclaré mardi à l'AFP Neeraj Singh, un responsable de l'équipe avancée de l'ONU.
Mardi matin, des observateurs se sont rendus à Douma et Harasta, dans la banlieue de Damas, selon l'agence officielle Sana et les Comités locaux de coordination (LCC) qui organisent la mobilisation sur le terrain.
D'autres sont partis à Hama (centre) "au lendemain du massacre" qui a fait 31 morts. Une vidéo mise en ligne montre au moins quatre casques bleu entourés par des militants "inspectant" le quartier Machaa al-Arabaïne à Hama.
Des combats entre troupes régulières et déserteurs de l'Armée syrienne libre (ASL) ont eu lieu mardi à Sitt Zainab, dans la banlieue sud de Damas, alors qu'à Douma, à 13 km de la capitale, des explosions et des coups de feu ont été entendus, selon l'OSDH.
Un civil a été tué à Douma par des éclats d'une grenade lancée par les forces du régime, et un agent de sécurité a péri à Damas, selon l'ONG.
La communauté internationale souligne la nécessité que les autorités de Damas laissent aux observateurs de l'ONU une totale liberté de mouvement.
"Il est vraiment important que le gouvernement syrien fournisse une protection totale aux observateurs et assure leur liberté de mouvement, leur liberté d'accès", a déclaré le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
Damas doit fournir à cette mission "toute la coopération" possible, y compris des "moyens aériens" (hélicoptères et avions), a-t-il ajouté.
Le Conseil national syrien (CNS), principale composante de l'opposition, a demandé un déploiement rapide des observateurs.
"Nous refusons de donner au régime un nouveau délai pour tuer. Nous demandons à Kofi Annan d'envoyer rapidement les observateurs. Nous demandons que certains d'entre eux soient basés dans des zones fixes afin de protéger les agglomérations les plus visées par les forces du régime, et que d'autres puissent circuler rapidement" dans le pays.
Par ailleurs, le CNS accuse les autorités "de se venger de la population en la massacrant après le départ des observateurs, comme cela s'est passé hier à Hama".
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a mis en garde lui contre toute tentative de saper le travail de la mission. "J'espère que ceux qui tentent de saper le travail de la mission de l'ONU en Syrie seront incapables de mettre en oeuvre leurs projets", a-t-il dit, sans dire à qui il faisait référence.
Le président tunisien Moncef Marzouki a estimé pour sa part que le régime de Damas était "fini" et que Bachar al-Assad finirait par partir "mort ou vivant", dans un entretien publié dans le quotidien pan-arabe Al-Hayat.
A Damas, les services de sécurité ont arrêté mardi à l'aube le penseur palestinien et militant de la société civile Salameh Kaileh à son domicile, selon l'avocat des droits de l'Homme Anouar Bounni.
Salameh Kaileh, auteur de nombreux ouvrages politiques traitant notamment du marxisme ou du nationalisme arabe, avait été détenu pendant plus de huit ans dans les années 90 sous le régime de Hafez al-Assad, le père de Bachar.
Les violences en Syrie ont fait au moins 11.100 morts en plus de 13 mois d'une révolte populaire qui s'est peu à peu militarisée face à la répression, et des dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées, selon l'OSDH.