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Matata Ponyo à la Primature, le Palu perd la main

Rompant avec son précédent quinquennat, le président congolais Joseph Kabila n'a pas nommé un Premier ministre issu du Palu d’Antoine Gizenga. Le signe d’une redistribution des rapports de force au sein de la Majorité présidentielle.

Pour son nouveau quinquennat, le président congolais Joseph Kabila a choisi son chef du gouvernement en puisant dans son propre parti politique, le Parti du peuple pour la reconstruction et le démocratie (PPRD). L’ancien ministre des Finances, Augustin Matata Ponyo, reconnu pour être un gestionnaire rigoureux, a été nommé au poste de Premier ministre, mercredi. Lors du premier mandat de Joseph Kabila pourtant, ce poste était exclusivement réservé à un parti "partenaire" de la Majorité présidentielle (MP), le Parti lumumbiste unifié (Palu).

À l'époque, Antoine Gizenga, le candidat du Palu arrivé troisième au premier tour du scrutin présidentiel de 2006, avait alors reçu la garantie de conserver la Primature dans le giron de sa formation pendant toute la durée du quinquennat, après avoir soutenu Joseph Kabila face à son challenger, Jean-Pierre Bemba.

Mais, depuis les élections du 28 novembre 2011, la donne a changé. Le scrutin présidentiel s’est joué à un seul tour à la suite d’une réforme constitutionnelle. Plus besoin d’un troisième homme, donc. Les nouveaux rapports de force sur la scène politique congolaise se mesurent désormais en fonction du poids de chaque parti à l’Assemblée nationale.

Fin de la cohabitation MP-Palu

Joint au téléphone par FRANCE 24, Christophe Lutundula, président du Mouvement de solidarité pour le développement et la démocratie (MSDD), qui appartient à la majorité présidentielle, explique que "l’actuelle compte quelque 349 députés, dont 126 issus du PPRD. Il n'y a donc rien d'anormal à ce que le chef de l’État ait choisi le nouveau Premier ministre dans cette formation politique", renchérit-il.

À l'inverse, avec seulement 19 sièges à l'Assemblée aujourd’hui, le Palu ne pèse plus très lourd. La MP pourrait même s’en passer, "mais ce n’est pas la volonté de Joseph Kabila", précise Christophe Lutundula. Le Palu non plus ne compte pas, pour l’instant, quitter le navire Kabila. "On peut servir son pays en exerçant d’autres responsabilités, sans être chef de gouvernement", positive Luete Katembo, député du parti. Même si l'élection, le 12 avril dernier, du bureau de la nouvelle Assemblée nationale ne lui a guère souri. Pas un seul membre du Palu n'a été élu, alors qu’en 2006, le poste de 2e vice-président lui fut réservé.

"On ne divorce pas pour un mauvais partage du repas"

Le Palu espère tout de même que des "correctifs" seront apportés lors de la composition du prochain gouvernement. "On ne divorce pas pour un mauvais partage du repas", avance Luete Katembo, en référence à un proverbe bantou. "Nous sommes convaincus que le nouveau Premier ministre ne nous oubliera pas", conclut-il dans un appel du pied.

Augustin Matata Ponyo, lui, n’a encore lâché aucune information concernant la nouvelle équipe gouvernementale. Lors de son point presse tenu jeudi à Kinshasa, il s’est contenté de présenter les axes prioritaires de son action : consolidation de la paix, sécurité de l’État, amélioration de la gouvernance économique et des conditions de vie des Congolais. Le reste attendra.