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Entre piques et polémiques, les temps forts de la campagne de 2012

La campagne électorale s'est achevée, ce vendredi, pour les 10 candidats en lice. L'occasion de revenir sur les événements marquants de la course à l'Élysée version 2012.

L’heure du bilan a sonné. À la veille du premier tour de l'élection présidentielle, un mot retient l’attention des électeurs : la "crise". Sur fond de crise financière, la campagne présidentielle semble, pour une majorité de citoyens, avoir été dominée par une crise des idées. Marquée par la morosité ambiante et un manque d’enthousiasme général, celle-ci a tout de même charrié son lot de moments forts. Entre propositions phares, grands thèmes débattus et petites phrases en tous genres, retour sur les temps forts de la campagne présidentielle de 2012.

1- Les grands thèmes

Si l’insécurité et l’écologie ont fait les beaux jours de la campagne de 2007, les thématiques abordées lors de celle qui s'achève ont été bien différentes. La fiscalité et la fameuse proposition de François Hollande de taxer à 75 % les revenus annuels supérieurs à un million d'euros a fait couler beaucoup d’encre et réagir certains artistes restés discrets jusque là.

À gauche, il semble que ce soit la dette souveraine, le pouvoir d’achat et la revalorisation du salaire minimum qui aient davantage alimenté les meetings. L’UMP et le Front national (FN) ont préféré virer à droite toute en plaçant les thèmes de l’immigration et de l'islam radical en tête de proue de leurs programmes que l’actualité, à travers l’affaire Merah, a largement contribué à amplifier. Le "Made in France" de François Bayrou, le candidat du Modem, les délocalisations et l’exemple du modèle économique allemand ont également tenu le haut du pavé. L’emploi, et notamment la proposition du candidat socialiste de créer 60 000 postes dans l'éducation, a enfin marqué les esprits.

2- Les moments forts

Émaillée de quolibets et de petites phrases assassines, la campagne de 2012 a toutefois connu de grands moments démocratiques. Elle a d’abord été marquée par le succès des primaires socialistes, en octobre dernier. Entre "gauche molle" et "gauche dure", les "impétrants" se sont livrés un combat sans merci avant d’afficher une union "retrouvée" au lendemain des résultats du scrutin. Le 22 janvier, François Hollande a ensuite dévoilé son programme au cours d'un meeting au Bourget.

À cinq semaines du premier tour, Jean-Luc Mélenchon a lui aussi cédé aux grands rassemblements, mais en plein air, en reprenant "la Bastille". Le candidat du Front de gauche réunit quelque 100 000 curieux et sympathisants à Paris. Multipliant les symboles et les références aux figures historiques de la gauche, il grimpe progressivement dans les sondages et fait rougir de plaisir ses militants.

En difficulté dans les enquêtes d'opinion, Nicolas Sarkozy s’offre quant à lui un bain de foule à Villepinte, le 11 mars, et reprend du poil de la bête. L’actualité rassemble ensuite les candidats lors de l’hommage rendu aux victimes des tueries de Toulouse et de Montauban. Mais la tentation de la récupération politique est grande. François Bayrou et Marine Le Pen, qui a finalement obtenu ses 500 parrainages, s’engouffrent dans la brèche. L’affaire n’a toutefois qu'un impact limité dans les sondages.

3- Les grandes idées et les petites phrases

Si les candidats ont tenté, bon gré mal gré, d’exposer les grandes lignes de leur programme, les petites phrases se sont, elles aussi, immiscées dans la campagne. Beaux et bas esprits se sont affrontés, pour le meilleur et pour le pire. Le pire a peut-être été le fameux "Je l’emmerde" d'Eva Joly, la candidate d'Europe-Écologie Les Verts, apporté en guise de réponse à Corinne Lepage, qui l'accusait de desservir la cause écologique.

Dans la catégorie insultes et coups bas, François Hollande a détourné son slogan - "Le changement c’est maintenant" - au profit d'un "Maintenant, on va le taper" adressé à son principal adversaire, Nicolas Sarkozy, sans jamais le nommer.

Plus ou moins spirituel, Jean-Luc Mélenchon a, lui, multiplié les bons mots et les provocations. Son désormais célèbre "Capitaine de pédalo", fustigeant le manque d’envergure de François Hollande, a été largement relayé par les médias. La campagne du candidat du Front de gauche a également été régulièrement ponctuée de joutes verbales avec Marine Le Pen, la candidate du FN, sa grande rivale pour la troisième place. "Je vous fais peur comme la lumière fait peur aux vampires", a-t-il lancé à l'adresse de la candidate frontiste. Certaines de ses formules resteront sans doute aussi dans les annales, comme "Jean-Marie Le Pen veut m'enlever mon caleçon ? Trop tard : je suis déjà un sans-culotte !", ou encore : "Moi je ne laverai pas de vache, je suis venu pour parler politique", à l’occasion du Salon de l’agriculture.

Comme chaque fois, la campagne a, en outre, permis aux citoyens de découvrir de nouveaux mots ou expressions. Après la "bravitude" de Ségolène Royal en 2007, Nicolas Sarkozy a fait naître le concept de "méprisance" dans un meeting à Nantes. De nouveaux dictons ont, eux, vu le jour, notamment celui de Nathalie Kosciusko-Morizet : "Gauche au volant, Grèce au tournant".

De manière moins triviale enfin, la campagne 2012 aura été l'occasion pour le président sortant de se livrer à un mea culpa sur les débuts ratés de son quinquennat. "Le Fouquet’s, si c’était à refaire, je ne serais pas allé dans ce restaurant", annonce ainsi Nicolas Sarkozy au journal télévisé de France 2, le 22 février. Aura-t-il la possibilité de se racheter ? Les électeurs en décideront partiellement dimanche.