Estimant que les forces afghanes seraient capables d'assurer la sécurité dans leur pays, le gouvernement australien a annoncé qu'il en retirait ses quelque 1 550 soldats en 2013, soit avec un an d'avance sur le calendrier fixé par l'Otan.
AFP - L'Australie va retirer ses troupes d'Afghanistan en 2013 avec un an d'avance sur le calendrier fixé par l'Otan pour le départ des troupes étrangères, estimant que les forces afghanes seraient alors capables de prendre la relève, a annoncé mardi le Premier ministre australien.
Dix ans après le début des opérations de l'Otan en Afghanistan, "l'Australie, la communauté internationale et les autorités afghanes ont atteint le point où elles doivent prendre des décisions cruciales", a déclaré Julia Gillard dans un discours à l'Institut australien de politique stratégique.
Malgré la mort de 32 de ses soldats depuis 2001, l'Australie a assuré à maintes reprises qu'elle respecterait le calendrier de retrait complet fixé par l'Otan pour la fin 2014, et maintiendrait ses 1.550 soldats engagés dans le pays jusqu'à cette échance.
Mais les conditions sur le terrain ont changé, a fait valoir Julia Gillard, deux jours pourtant après une attaque humiliante des talibans en plein coeur de Kaboul.
"(Oussama) Ben Laden est mort. La plupart des principaux dirigeants d'Al-Qaïda ont été tués ou capturés et les autres ont été acculés dans la zone frontalière entre l'Afghanistan et le Pakistan", a-t-elle déclaré.
Très impopulaire, l'engagement en Afghanistan est une épine dans le pied des responsables politiques australiens. Or le nouveau calendrier de retrait permettrait de rapatrier les soldats australiens avant les prochaines législatives.
Mme Gillard détaillera les intentions australiennes au sommet de l'Otan les 20 et 21 mai à Chicago, au cours duquel les gouvernements occidentaux veulent fixer le cadre de leur soutien à Kaboul après le retrait des troupes de combat.
Julia Gillard s'est dit confiante "dans le fait que (le sommet de) Chicago reconnaîtra la mi-2013 comme un jalon dans la stratégie internationale" en Afghanistan.
Cette échéance est un "point de repère crucial pour les forces internationales qui pourront passer à un rôle de soutien à travers l'Afghanistan", a-t-elle dit.
Le retrait commencera dès que le président afghan Hamid Karzaï aura donné son feu vert pour le transfert de la sécurité aux forces nationales dans la province d'Uruzgan (sud), où sont stationnées la majorité des soldats australiens.
La décision du président Karzaï est attendue "dans les mois à venir" et le retrait devrait ensuite prendre de 12 à 18 mois, a précisé Mme Gillard.
La force de l'Otan en Afghanistan, l'Isaf, présente dans le pays depuis fin 2001, doit avoir quitté le pays à la fin 2014 après avoir graduellement transféré la responsabilité de la sécurité à l'armée et la police afghane.
Ce retrait est qualifié de prématuré par de nombreux observateurs en raison du niveau d'impréparation des forces de sécurité afghanes.
Malgré la présence de 130.000 soldats de l'Isaf, aidant 352.000 militaires et policiers afghans, Kaboul n'a pas réussi à défaire l'insurrection menée par les talibans. Les attaques ont repris de plus belle depuis la fin de l'hiver.
Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a démenti début avril toute accélération du processus de transition, tout en jugeant "nécessaire" de clarifier le calendrier après que plusieurs responsables occidentaux eurent parlé d'accélérer le retrait.
"Notre objectif, qui est de voir l'Afghanistan assurer lui-même sa sécurité, n'a pas changé. Notre engagement et notre partenariat avec l'Afghanistan après 2014 reste inchangé", a déclaré M. Rasmussen la semaine dernière à Kaboul.