Le cessez-le-feu prévu par le plan de paix de Kofi Annan est entré en vigueur ce jeudi matin en Syrie. D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les forces de Damas ont tué un civil dans la province de Hama (centre).
AFP - Un cessez-le-feu censé mettre fin à plus d'un an de violences sanglantes en Syrie est entré en vigueur jeudi conformément au plan de Kofi Annan mais la communauté internationale reste sceptique sur les intentions du régime de Bachar al-Assad.
Aucune violation n'a été constatée plus de quatre heures après l'expiration du délai fixé pour l'arrêt total des hostilités mais l'armée n'a toujours pas retiré ses troupes des villes comme le stipule le plan de M. Annan, émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, selon une ONG syrienne.
AFP - Le chef du Conseil national syrien (CNS), principale composante de l'opposition, a appelé jeudi les Syriens à manifester après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, le plan Annan "garantissant le droit à manifester pacifiquement".
"Nous appelons le peuple à manifester et à s'exprimer car c'est un droit absolu, les manifestations étant un point essentiel du plan" de l'émissaire international Kofi Annan, affirmé à l'AFP Burhan Ghalioun. Ces manifestations avaient été à chaque fois réprimées par les troupes syriennes.
Après avoir réprimé depuis le 15 mars 2011 une révolte marquée pendant des mois par des manifestations populaires avant de se militariser, les troupes restaient massivement déployées dans certains hauts lieux de la contestation pour dissuader les opposants de toute manifestation, selon un militant.
Les protestations populaires massives contre le régime du président Bachar al-Assad ont diminué en intensité en raison de la répression brutale. Mais le test sera vendredi, jour habituel des manifestations réprimées à chaque fois par les troupes.
"L'armée syrienne accomplit sa mission (...) et lorsqu'elle l'aura terminée, elle regagnera certainement les casernes", écrit le quotidien proche du pouvoir, Al-Watan.
Quelques heures après l'expiration de l'ultimatum, "la situation est calme dans l'ensemble des régions", a indiqué à l'AFP l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Cependant, "il n'y pas eu non plus de mouvements de retrait de chars", a-t-il indiqué.
Des militants contactés à Deraa (sud), la province de Damas et à Hama (centre) ont souligné que la situation était calme, tout en assurant ne pas faire confiance du tout au régime.
"Le vrai test sera vendredi, jour de manifestations, pour voir si les forces du régime vont tirer sur la foule", a indiqué Moaz, un militant des Comités locaux de coordinations (LCC), qui animent la contestation sur le terrain.
"Si les gens manifestent massivement le régime trouvera un moyen d'évoquer à nouveau l'alibi des groupes terroristes pour tirer la foule", a indiqué un autre militant, Mahmoud Sayyed, à Deraa.
A la veille de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, les opérations militaires du régime avaient encore tué mercredi 25 civils, dont 10 dans les bombardements de Rastane, ville de la province de Homs (centre) tenue par les rebelles, selon l'OSDH.
Les autorités syriennes ont annoncé qu'elles mettraient fin aux opérations militaires jeudi matin, tout en prévenant que l'armée répondrait à toute attaque "terroriste", en référence aux rebelles qui se sont engagés à respecter l'ultimatum.
M. Annan devait rendre compte de l'application du cessez-le feu devant le Conseil de sécurité à 14H00 GMT par vidéoconférence depuis Genève.
En raison des restrictions draconiennes imposées aux médias étrangers en Syrie, il n'est pas possible de vérifier sur le terrain le respect du cessez-le-feu.
Accusé à plusieurs reprises par la communauté internationale de ne pas tenir ses engagements, le régime Assad est ainsi mis à l'épreuve.
Les Etats-Unis ont prévenu qu'ils jugeraient Damas sur "ce qu'il fait, pas sur ce qu'il dit".
La France, de son côté, a souhaité que le Conseil de sécurité de l'ONU envoie en Syrie une "force robuste d'observateurs" pour vérifier le respect du cessez-le-feu.
Le président des Etats-Unis Barack Obama et la chancelière allemande Angela Merkel ont souligné la nécessité d'une action "plus résolue" du Conseil de sécurité de l'ONU, où la Russie et la Chine, alliées de Damas, avaient bloqué à deux reprises des résolutions condamnant la répression.
L'ambassadrice américaine aux Nations unies Susan Rice, qui avait jugé "peu, voire pas crédibles" les promesses de Damas, a estimé que le cessez-le-feu gouvernemental "ne pouvait pas être considéré comme une application du plan en six points" de Kofi Annan, rappelant que Damas s'était engagé à retirer ses troupes et n'avait pas respecté cette promesse.
La Russie a dit prendre acte de la promesse de Damas, estimant que c'était désormais "au tour de l'opposition armée" de se conformer au cessez-le-feu.
Les violences ont fait selon l'OSDH plus de 10.000 morts en majorité des civils depuis l'éclatement de la révolte.