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Faisant fi de l'expiration de l'ultimatum international, les forces de sécurité syriennes poursuivent leur offensive notamment à Homs et Deraa. L'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe espère pourtant une amélioration rapide de la situation.

REUTERS - Les forces gouvernementales syriennes pilonnaient toujours mercredi les secteurs insurgés de Homs, au nord de Damas, mais le président Bachar al Assad a promis aux Nations unies de respecter un cessez-le-feu censé entrer en vigueur jeudi matin.

"Damas bafoue ses engagements", juge le chef de la diplomatie française

AFP - La lettre adressée mardi par l'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe au Conseil de sécurité de l'ONU "démontre et confirme à quel point Damas bafoue ses engagements", a déclaré mardi soir le chef de la diplomatie française Alain Juppé.

"La communauté internationale constate d'ores et déjà que Damas n'a pas respecté ses obligations du 10 avril. Bachar al-Assad a menti à Kofi Annan, qui bénéficie du soutien total de la communauté internationale", a poursuivi M. Juppé dans une déclaration écrite.

Des vidéos diffusées par l'opposition sur YouTube montrent des obus de mortier s'abattre sur le quartier de Khalidya à Homs, bastion de l'insurrection à 150 km au nord de la capitale. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé en Grande-Bretagne, ces tirs ont fait un mort dans la matinée.

"Les tirs de mortier ont commencé à 07h00 ce matin, au rythme d'un toutes les cinq minutes", a rapporté un militant d'opposition, Walid al Fares. Mardi, alors que le président Assad était censé retirer ses troupes, ses blindés et ses armes lourdes des agglomérations, les bombardements sur la ville ont fait au moins 26 morts, toujours d'après l'OSDH.

Le plan de sortie de crise présenté par l'émissaire de l'Onu et de la Ligue arabe Kofi Annan, et théoriquement accepté par toutes les parties, prévoyait le retrait des forces gouvernementales des zones urbaines le 10 avril, puis un cessez-le-feu total le jeudi 12 avril à 06h00 locales (03h00 GMT).

En visite mercredi en Iran, l'un des rares alliés de la Syrie, Kofi Annan a déclaré que le régime de Damas lui avait assuré qu'il respecterait ce cessez-le-feu.

"J'ai reçu du gouvernement (syrien) l'assurance qu'il respectera le cessez-le-feu. Si tout le monde le respecte, je pense que d'ici 06h00 jeudi matin nous devrions assister à une amélioration des conditions sur le terrain", a dit l'émissaire international.

Lors d'une conférence de presse retransmise à la télévision, il a jugé important que les gouvernements de la région participent à la recherche d'une solution. Il a ajouté que l'Iran pouvait faire partie de cette solution.

Kofi Annan à Téhéran

La République islamique a apporté son soutien au plan en six points élaboré par Kofi Annan à condition qu'il ne prône pas une mise à l'écart du président Bachar al Assad, ce que demandent pourtant les pays occidentaux.

Pour le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, qui était aux côtés de Kofi Annan, "il faut donner au gouvernement syrien l'opportunité de procéder à des réformes sous la direction de Bachar al Assad."

Le peuple syrien doit pouvoir être libre d'exprimer ses opinions mais "dans le même temps, nous avons exprimé notre opposition à toute ingérence dans les affaires intérieures de tous les pays, y compris la Syrie", a-t-il ajouté.

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a annoncé qu'elle rencontrerait ce mercredi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, pour lui demander de revoir sa position à l'égard du régime de Damas.

"Nous voulons démontrer aux Russes que la situation se détériore et que le risque d'une conflagration régionale augmente", a-t-elle dit.

La Russie et la Chine ont opoosé par deux fois leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu condamnant la répression en Syrie.

A Pékin, les autorités chinoises jugent que les efforts pour parvenir à une solution politique à la crise sont arrivés à un "moment critique".

"La recherche d'une solution politique à la situation en Syrie a atteint un moment critique mais les violences se poursuivent et le nombre de victimes civiles augmente. La Chine exprime sa profonde inquiétude", a dit Liu Weimin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

La Chine a invité toutes les parties à respecter le cessez-le-feu prévu pour jeudi matin.

Maisons incendiées

Sur le terrain, l'OSDH a fait état de nouvelles opérations militaires à Daïr az Zour, dans la vallée de l'Euphrate, où deux personnes auraient été tuées. Des tirs d'artillerie ont également été signalés dans la région de Djebel Akrad, dans la province côtière de Lattaquié.

"Des hélicoptères survolent la zone et l'armée empêche l'évacuation de la population. On parle de maisons prises sous les tirs de l'artillerie", a dit Rami Abdelrahman, dirigeant de l'OSDH.

Dans le sud du pays, près de la frontière jordanienne, les forces gouvernementales, après avoir reçu des renforts, ont mené des perquisitions à Deraa, d'où est parti le soulèvement il y a treize mois.

"L'armée profite du cessez-le-feu pour arrêter le maximum de gens et incendier des maisons", a dit un opposant, Omar al Hariri.

Selon l'OSDH, les forces pro-Assad ont tué 38 personnes mardi à travers le pays et les insurgés ont abattu 19 membres des forces de sécurité. Le même jour, l'agence de presse officielle syrienne Sana a fait état des funérailles de 33 soldats et policiers victimes des "bandes terroristes armées".

D'après un bilan établi mardi par l'OSDH, plus de 800 civils ont été tués depuis l'annonce qu'Assad avait accepté le plan de Kofi Annan le 27 mars.

Les violences en Syrie depuis la mi-mars 2011 ont fait plus de 9.000 morts dans la population civile, selon les Nations unies. Le gouvernement de Damas accuse les rebelles d'avoir tué plus de 2.600 membres des forces de sécurité.