Le troisième homme de l’élection présidentielle de 2007 est aujourd’hui à la cinquième place dans les sondages. Le candidat du MoDem a du mal à exister face à "une concurrence très rude", estiment les observateurs.
François Bayrou est un paradoxe à lui seul. D'un côté, l’homme du Béarn apparaît comme la personnalité politique préférée des Français selon une étude Ipsos/"Le Point" datée de mars 2012. Crédité de 60% d'opinions favorables, il se place devant François Hollande (53%) et Nicolas Sarkozy (38%), et progresse même de 5 points par rapport au mois précédent.
De l'autre, le candidat du MoDem à la présidentielle dégringole dans les sondages. Il oscille entre 10 et 12%, selon plusieurs études d’opinion. Le dernier baromètre Ipsos/logica Buisness Consulting, paru mardi 3 avril, le crédite de 10% des intentions de vote, (soit 1,5 point de moins que la semaine précédente). Les 18,57% qu’il avait recueillis lors du premier tour de la présidentielle 2007 semblent aujourd’hui bien loin... L’ancien troisième homme de 2007 se fait donc aujourd’hui rebaptiser "le cinquième homme" par les médias puisqu’il est devancé par Nicolas Sarkozy (29,5%) et François Hollande (27,5%) mais aussi par deux autres candidats qui ont le vent en poupe : Jean-Luc Mélenchon (14,5%) et Marine Le Pen (14%).
Dans cette campagne, François Bayrou est victime d’une concurrence très rude, estime Eric Bonnet, directeur d’études chez BVA. "En 2007, il avait capté les déçus de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal, explique-t-il. Mais aujourd’hui, Nicolas Sarkozy semble réussir à remobiliser l’électorat de droite derrière son nom et les déçus de françois Hollande préfèrent se reporter sur Jean-Luc Mélenchon".
Bayrou vs. Mélenchon
Un chiffre pour illustrer cette tendance : 17% des électeurs qui ont voté Bayrou en 2007 préfèrent aujourd’hui se tourner vers le candidat du Front de gauche. "C’est troublant car il n’existe aucun lien entre les deux : le premier se place au centre de l’échiquier politique et le second est bien ancré à gauche, commente Eric Bonnet. Leur point commun : ils s’illustrent tous deux comme des réceptacles contre François Hollande, des antisystèmes."
Mais le candidat du Front de gauche connaît une meilleure réussite que son adversaire centriste. "François Bayrou a peut-être fait une erreur en essayant d’entrer dans une polémique lors des évènements de Toulouse", note le politologue. Le 19 mars, jour de la tuerie dans une école juive de Toulouse, Français Bayrou a choisi - à l’inverse des autres candidats - de ne pas suspendre ses déplacements de campagne et de maintenir son meeting à Grenoble prévu le soir même. Pour justifier le drame de Toulouse, le candidat a également pointé du doigt le climat social de la France et, indirectement, le gouvernement en place. "Nous ne savons rien sur celui qui a perpétré cette tuerie mais nous sentons bien que cela n'est pas sans lien avec une certaine évolution de la France", avait-il notamment déclaré. Depuis ces propos, il ne cesse de chuter dans les sondages.
Le candidat centriste semble en fait jouir d’une moins bonne image qu’il y a cinq ans. À en croire un sondage de LH2 pour Yahoo!, publié mardi 3 avril, qui analyse les campagnes des cinq principaux candidats à la présidentielle, François Bayrou apparaît comme celui qui est le moins à l’aise, loin derrière Jean-Luc Mélenchon. 45% des personnes interrogées trouvent qu’il mène une bonne campagne, contre 79% en 2007. 63% des sondés estiment en revanche que Jean-Luc Mélenchon mène une bonne campagne.
Mais l’équipe de François Bayrou veut rester positive et assure que le candidat du MoDem "va rebondir, peut rebondir". "La campagne est loin d’être terminée. Il peut se passer tellement de choses en trois semaines", indique-t-on dans le camp du candidat centriste. Eric Bonnet n’exclut pas cette possibilité "si un accident de campagne arrive à Nicolas Sarkozy". " Mais il ne récupérera pas les déçus de François Hollande si le candidat socialiste commet un impair", ajoute-t-il.