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Chavez en campagne un an après l’échec de sa réforme constitutionnelle

Correspondant FRANCE 24 au Venezuela – Le président vénézuélien a ratissé son pays de long en large pour soutenir les candidats de son parti aux élections locales du 23 novembre. Un an après l'échec du référendum sur la Constitution, ce scrutin représente un test électoral.

Le long de l'autoroute qui mène à Barinas, au milieu des grandes plaines verdoyantes de la région du Llanos, les affiches à l'effigie de Hugo Chavez et de son frère Adan, côte à côte, en chemise rouge, se succèdent tous les kilomètres. Nous sommes dans le fief familial, une région d'élevage et de riches propriétaires terriens.



Photo : François-Xavier Freland.

 
On raconte que c'est sur cette route, 20 ou 30 ans plus tôt, que l'actuel chef de la révolution bolivarienne aurait juré de devenir un jour président de la République vénézuélienne.

C'est dans cette localité tranquille, légèrement assommée par la chaleur, truffée de restaurants de viandes grillées, de places ombragées, qu'a grandi Hugo Chavez.

Barinas, "Ciudad de mi corazon, ciudad de mis amores" ("la ville de mon cœur, la ville de mes amours") comme il aime à le répéter, est aujourd'hui une illustration parfaite de ce que le chavisme fait de mieux : une ville propre et relativement sûre, avec ses logements sociaux récents, son immense stade de football, ses centres culturels et, bientôt, son nouvel aéroport.

Le jour-même, lors d'une visite de soutien à son frère Adan, qui espère devenir le prochain gouverneur de l'Etat de Barinas en remplacement du père, Hugo Chavez est venu inaugurer une nouvelle usine de produits laitiers à la technologie iranienne : "Voilà un exemple du socialisme, se réjouit-il. Science, technologie, alimentation et dignité sont les principes fondamentaux de la patrie. Après avoir récupéré les terres, nous avons installé l'usine-mère, et nous allons faire la même chose dans toutes les régions du pays".

La gérante des opérations de l'usine CVA Lacteos, la souriante quadragénaire Deyanira Marquez, ajoute dans un français presque parfait, "c'est important pour nous car cette usine garantit la sécurité alimentaire et crée des emplois".

Barinas, ville dont le maire est un proche cousin du président, est pour lui une véritable étape sentimentale. Dans le stade de la Carolina plein à craquer, face à des militants vêtus de tee-shirts "rojo-rojito" ("rouges, bien rouges") arborant le slogan de campagne "Vamos con todo" ("On y va à fond"), Hugo Chavez en tribun infatigable évoque "la révolution" et distribue les piques à ses adversaires politiques. "Manuel Rosales est un voleur sans vergogne, corrompu de première catégorie, déjà prêt à s'enfuir et à quitter le pays", assure-t-il en évoquant le gouverneur séparatiste de la riche province pétrolifère de Zulia.


Photo : François-Xavier Freland.

 
Sur la jolie place coloniale Simon Bolivar, où des musiciens de l'orchestre juvénile distillent des airs de violon ou de flûte, Carlos Valencia, un vieux monsieur, sommeille sur un banc. "Je suis colombien d'origine, j'étais mécanicien, je ne vote pas, j'ai la résidence seulement, mais je me sens vénézuélien car je suis fier de ce qu'à fait Hugo Chavez, ici. Il a rendu la fierté au peuple, il travaille beaucoup, regardez, il suffit d'ouvrir les yeux pour voir tout ce qu'il a fait. Cet homme est en train d'achever l'œuvre entreprise avant lui par Simon Bolivar il y a deux siècles en Amérique latine".

Mais même ici, dans le pays de Chavez, le président omnipotent possède ses détracteurs. Sur cette même place Bolivar, une dame qui refuse de donner son nom - "je travaille dans la fonction publique" - donne son sentiment : "C'est une honte ce qu'il se passe ici et dans mon pays, et ce n'est que le début, vous trouvez ça normal, vous, qu'une ville et toute une région soient gouvernées par une même famille ?"