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Fusillade de Toulouse : "Si je réalise l'horreur du drame, je m'écroule"

, envoyée spéciale à Toulouse – Après la fusillade devant une école juive qui a fait quatre morts, ce lundi, à Toulouse, de nombreuses personnes, dont des élèves, se sont rassemblées dans une synagogue du centre-ville pour se recueillir.

Les centaines de Toulousains, qui se sont recueillis au cours d'une cérémonie dans la synagogue de la rue Paul Riquet, lundi après-midi, étaient tous encore sous le choc.

Lundi matin, à 7h53, un homme sur un scooter a abattu un professeur de religion de 30 ans, ses enfants de 3 et 6 ans, et la fille du directeur de l'établissement âgée de 10 ans, avant de prendre la fuite. La fusillade a également fait un blessé grave, un adolescent de 17 ans.

Devant la synagogue, les jeunes qui se pressent pour entrer ont les yeux rougis et gonflés. "Si je réalise l'horreur du drame, je m'écroule", lance Salomé, 15 ans. Et l’une de ses amies de répondre : "Je ne crois pas que celui qui a fait ça comprenne la notion d'être humain."

Un peu plus loin, Ruben Abitbol, 20 ans, est venu depuis Paris avec ses deux frères pour soutenir les familles des victimes qu'il connaissait. "C'est dur, j'accuse le coup", glisse-t-il. "Pour moi, c'était important de venir soutenir Yaacov, le directeur de l'établissement, qui a perdu sa fille Myriam. C'est comme ma famille, j'ai étudié deux ans dans le lycée [Ozar Hatorah] et le directeur était comme un père pour moi".

Un sentiment de dépit que partage l'ensemble des élèves. "Ici, c'était convivial et familial. On se connaît tous, Myriam, c'était un amour, commente Salomé, 17 ans. C'était notre école, notre lycée. Pourquoi nous ? ". Son meilleur ami est encore à l'hôpital. Il a été blessé par une balle dans le bras. "Je n'ai pas de nouvelles, sa mère ne répond pas au téléphone", ajoute-t-elle d'une voix tremblante.

Les parents aussi sont venus nombreux manifester leur soutien, même ceux dont les enfants ne sont plus scolarisés dans l'établissement, à l'image de Brigitte, 52 ans. "C'est comme si c'étaient nos enfants, commente-t-elle. Il était nécessaire de venir pour montrer notre solidarité".

"Je ne retournerai pas au lycée tant que le meurtrier ne sera pas retrouvé"

Dans les conversations, chacun essaie de reconstituer le déroulement de la journée. "T'étais où toi, quand il a tiré ? ", demande Léa à son amie. "Il paraît que des élèves ont cherché à se protéger dans des maisons". Et son amie, Chena, 15 ans, de surenchérir : "le tueur aurait cessé de tirer parce qu'il n'avait plus de munitions, sinon il aurait continué".

Au bout d'une heure environ, la cérémonie religieuse est terminée. La quasi-totalité des gens rentrent chez eux sous une pluie battante. Salomé, elle, restera dans la synagogue pour prier. Ses amis repartiront sans vraiment savoir quand les cours reprendront. "Comment va-t-on pouvoir retourner au lycée maintenant ? Ce n’est pas possible pour moi, je n'y retournerai pas tant que le meurtrier n'aura pas été retrouvé".

Certains jeunes avancent quelques hypothèses quant aux motifs du crime. "Pourquoi notre lycée ? Ce n’est pas compliqué d’y répondre. Il y a forcément de l'antisémitisme derrière. C'est dégueulasse, et ça fait mal".

 

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