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La France et la CPI ont transmis à Nouakchott une demande d'extradition de l'ex-chef des services de renseignements libyens, arrêté samedi en Mauritanie. Dans cette perspective, une délégation libyenne est également attendue dans le pays.
AFP - La Mauritanie avait reçu dimanche de la France et de la Cour pénale internationale deux demandes d'extradition du colonel libyen Abdallah al-Senoussi, ex-chef des renseignements de Mouammar Kadhafi arrêté à Nouakchott, et en attendait une troisième de Tripoli contre un homme accusé de multiples crimes.
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"Pour le moment il y a deux demandes qui ont été reçues par la Mauritanie: une de la France arrivée samedi et la seconde de la CPI parvenue au gouvernement mauritanien dimanche", a affirmé un responsable mauritanien de la sécurité à l'AFP.
Le gouvernement libyen avait annoncé samedi avoir demandé à la Mauritanie l'extradition du pilier de l'ancien régime de Tripoli arrêté dans la nuit de vendredi à samedi à l'aéroport de Nouakchott à son arrivée de Casablanca au Maroc par un vol régulier, muni d'un faux passeport malien.
"La Libye ne s'est pas encore manifestée, mais nous attendons la visite à Nouakchott d'une délégation du Conseil national de transition (CNT, au pouvoir à Tripoli) à une date qui n'est pas encore précisée", a ajouté le responsable mauritanien.
La Libye n'est pas liée à la Mauritanie par un accord bilatéral, mais elle peut agir sur la base d'une convention d'assistance judiciaire liant les pays membres de la Ligue arabe, signée à Ryad en 1983 et ratifiée par Nouakchott en 1985 et par Tripoli en 1988.
Le colonel Senoussi était toujours entendu dimanche par la police mauritanienne qui "mène sa propre enquête" à laquelle elle associera Interpol, a indiqué à l'AFP une source policière.
"Il est aux mains de la sûreté d'Etat, on ne peut pas vous dire où exactement", a ajouté cette source.
Ce n'est qu'après cette enquête que la Mauritanie doit examiner les demandes d'extradition. Nouakchott est maitresse du choix et n'est soumise à aucun délai, selon des experts.
"C'est à l'Etat qui a arrêté la personne de choisir où elle l'extrade, selon ses critères et ses règles", a expliqué Didier Rebut, professeur à l'université de Paris II-Panthéon Assas.
La CPI a émis un mandat d'arrêt à l'encontre de l'ancien chef des renseignements et beau-frère de Kadhafi, le 27 juin 2011, l'accusant d'avoir commis "des meurtres et des persécutions de civils constitutifs de crimes contre l'humanité" dès le début de la révolte anti-Kadhafi à la mi-février 2001.
La France a rappelé que M. Senoussi fait "l'objet d'un mandat d'arrêt international à la suite de sa condamnation par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité dans l'affaire de l'attentat terroriste du 19 septembre 1989 contre le vol UTA 772 qui a coûté la vie à 170 personnes, dont 54 Français".
Le ministre libyen de la Justice a souligné de son coté que son pays était capable d'offrir un procès équitable à l'ex-chef des renseignements pour les crimes dont il est accusé dans son pays.
"Nos tribunaux sont très bons, particulièrement à Tripoli et nous sommes à même de le juger conformément aux normes internationales", a assuré Ali Hmida Achour à l'AFP.
"Nous espérons que les diplomates et les officiels parviennent à convaincre toutes les parties de la nécessité de juger Senoussi en Libye", a affirmé le ministre, ajoutant que Tripoli était en contact étroit avec la Mauritanie.
L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International a toutefois dit en douter et a souhaité que le ressortissant libyen soit remis à la CPI.
Le fait que la Mauritanie ne compte pas parmi les 120 pays parties à la CPI n'est pas forcément rédhibitoire.
Car le mandat d'arrêt de la CPI est la conséquence d'une résolution du 26 février 2011 du Conseil de sécurité de l'ONU qui, elle, s'applique à la Mauritanie, rappelle le juriste Didier Rebut.