"Le peuple appartient à Dieu" pouvait-on lire sur une banderole installée sur le toit de l'Assemblée par des manifestants. Des milliers de Tunisiens ont défilé vendredi à Tunis pour réclamer l'application de la charia dans la future Constitution.
AFP - Plusieurs milliers de Tunisiens ont manifesté vendredi devant le siège de l'Assemblée nationale constituante à Tunis pour réclamer l'application de la charia dans la future constitution du pays, a constaté l'AFP.
Certains manifestants sont montés sur le toit de l'Assemblée et ont installé une banderole sur laquelle on pouvait lire: "le peuple appartient à Dieu".
"Le peuple veut l'application de la charia de Dieu!" "Notre Coran est notre constitution!", "Pas de constitution sans la charia", criaient les manifestants, dont certains appartenant à la mouvance salafiste. L'ambiance était plutôt détendue, certains étaient venus en famille.
"Ni laïque ni scientifique, la Tunisie est un Etat islamique", chantaient aussi les manifestants.
Femmes d'un côté --dont de nombreuses revêtues du niqab, le voile islamique intégral-- hommes de l'autre, ils brandissaient des drapeaux noirs de l'islam mais aussi quelques drapeaux tunisiens. De nombreux manifestants ont rejoint l'Assemblée après le prêche du vendredi.
L'appel à la "manifestation du vendredi pour soutenir la charia", la loi islamique, a été lancé par le Front tunisien des associations islamiques.
"Le but n'est pas de soutenir Ennahda (le parti islamiste tunisien dominant l'Assemblée), ni Hizb Ettahrir (parti réclamant l'instauration du califat), ni les salafistes, nous sommes ici pour unir tous les Tunisiens grâce à la charia", a déclaré Hajer Boudali, une des organisatrices.
Deux députés d'Ennahda, Sahbi Atig et Habib Ellouze, étaient cependant présents sur la tribune où se succédaient les orateurs.
La manifestation se déroule alors que les délégués ont commencé à travailler à la rédaction de la constitution. La référence à la charia comme "source principale de la législation", réclamée par les islamistes, suscite d'âpres débats au sein de l'Assemblée, élue fin octobre et dominée par Ennahda.
"Nous sommes ici pour réclamer pacifiquement l'application de la charia dans la nouvelle constitution. Nous n'imposons rien avec la force, on veut que le peuple lui-même soit convaincu de ces principes", a déclaré à l'AFP Marouan, un commerçant de 24 ans.
"Les médias véhiculent de fausses idées sur le salafisme qui aurait recours à la violence. Nous disons clairement que nous sommes contre toute forme de violence", a-t-il ajouté.
"Un musulman doit vivre sous la loi musulmane. Les laïcs veulent faire croire que l'islam c'est couper la main des voleurs, mais la question ne se pose pas comme ça. Il faut lire et étudier l'islam, c'est la solution. L'Occident a échoué", a assuré un ingénieur refusant de donner son nom.
"Les gens ne connaissent même plus les principes les plus simples de l'islam", a déploré à ses côtés Fethi Boukadida, tandis qu'un autre manifestant se déclarait "pour la liberté et contre l'homosexualité".
A l'heure de la prière, les manifestants ont prié devant l'Assemblée.