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Selon une source proche du dossier, le groupe Boko Haram a proposé au gouvernement, lors de pourparlers indirects, un cessez-le-feu temporaire en échange de la libération des tous ses membres prisonniers et la fin des arrestations.

AFP - Le gouvernement du Nigeria et le groupe islamiste Boko Haram ont eu des pourparlers indirects destinés à mettre fin aux violences meurtrières, au cours desquels le groupe radical a posé des conditions pour un cessez-le-feu temporaire, selon une source proche du dossier.

"Il y a eu des pourparlers préliminaires avec un intermédiaire désigné par Boko Haram", a indiqué à l'AFP une source sécuritaire sous couvert d'anonymat, ajoutant que le groupe Boko Haram avait posé des conditions pour un cessez-le-feu temporaire.

Une source diplomatique a indiqué de son côté que des contacts ont été établis entre le gouvernement du Nigeria et le groupe islamiste via des intermédiaires.

Au cours de ces pourparlers, Boko Haram a proposé un cessez-le-feu de trois mois en échange de la libération de tous ses membres. Il a également demandé que le gouvernement ne procède plus à aucune arrestation, a déclaré la source sécuritaire, ajoutant que le gouvernement étudiait cette proposition.

Les responsables officiels nigérians ne pouvaient être joints dans l'immédiat pour commenter cette information tandis que d'autres refusaient de se prononcer à ce sujet.

Le groupe Boko Haram est accusé de nombreux assassinats et attentats, principalement dans le nord du pays qui ont coûté la vie à plus de 1.000 personnes depuis 2009. Il a notamment revendiqué l'attentat à la bombe perpétré le 26 août 2011 contre le siège des Nations unies dans la capitale Abuja, qui a tué 25 personnes, ainsi que les attaques coordonnées qui ont fait 185 victimes à Kano (nord) en janvier.

Des appels ont été lancés au Nigeria pour la tenue de ces pourparlers alors que les autorités nigérianes semblaient incapables d'enrayer la spirale des attaques imputées à Boko Haram qui ont secoué le pays le plus peuplé d'Afrique, premier producteur de pétrole sur le continent.

"Contacts réels"

Un des intermédiaires à ces pourparlers indirects a été un ecclésiastique dans lequel le groupe Boko Haram a confiance, selon la source sécuritaire.

"Le problème ne concerne pas la volonté de la secte de participer au dialogue, mais de gagner sa confiance et le convaincre que le gouvernement est franc dans ses intentions car ils redoutent toujours une trahison" de "la part du gouvernement", a déclaré cette source.

"Les dirigeants (de Boko Haram), selon la même source, redoutent qu'ils soient arrêtés en cas de pourparlers directs. La plus grosse difficulté est de gagner leur confiance et de les convaincre que rien ne leur arrivera si ils montrent leurs visages".

La source diplomatique n'a pas été en mesure de donner davantage de précisions, mais a indiqué qu'il y a eu des "contacts réels" entre des intermédiaires du gouvernement et de Boko Haram.

Une tentative précédente d'engager des pourparlers avec Boko Haram a échoué car le groupe refusait de déposer les armes comme condition pour un accord de paix qui engloberait une amnistie, selon la source sécuritaire.

Boko Haram serait composé de plusieurs factions, mais les pourparlers indirects avec le gouvernement du Nigeria ont été menés avec la branche principale du groupe mené par Abubakar Shekau.

La mort, la semaine dernière, de deux otages européens - un Britannique et un Italien- retenus dans le nord-est du pays- avait été imputée à Boko Haram ce que le groupe a démenti.

Un certain nombre de théories ont été avancées concernant les auteurs de l'enlèvement, y compris celle de la responsabilité d'une cellule issue d'une scission avec Boko Haram. Le groupe islamiste est en effet considéré depuis longtemps comme divisé en plusieurs factions.

Le groupe est l'auteur d'une série d'attaques meurtrières de plus en plus sophistiquées, perpétrées essentiellement dans le nord-est du Nigeria. Or l'enlèvement des deux otages et leur meurtre ont eu lieu dans le nord-ouest du pays, loin de ses cibles habituelles.

Par ailleurs, Boko Haram n'est pas connu pour avoir réalisé des kidnappings, mais des groupes criminels sont soupçonnés d'avoir commis des actes de violences en se faisant passer pour le groupe islamiste.

Le 23 février, un haut responsable militaire nigérian déclarait que Boko Haram, a des liens avec Al-Qaïda, établissant ainsi officiellement ce lien pour la première fois.

Les islamistes radicaux de Boko Haram, qui veulent restaurer le califat islamique et imposer la charia dans l'ensemble du Nigeria ont intensifié leurs attaques ces derniers mois le plus souvent dans le nord du pays, majoritairement musulman, le sud étant à dominante chrétienne.