Après la baisse sensible des marchés asiatiques, Wall Street connaît un repli historique: le Dow Jones est passé sous la barre des 7 000 points, du jamais vu depuis 12 ans. Les Bourses européennes ont plongé elle aussi à la clôture.
AFP - Les marchés boursiers ont à nouveau chuté lundi, emportés par un déluge de mauvais indicateurs et des craintes pour la santé des groupes financiers, illustrées par les pertes vertigineuses d'AIG et l'appel au marché de HSBC.
A New York, le Dow Jones a lâché 4,24% pour tomber sous la barre des 7.000 points pour la première fois depuis près de 12 ans, entraîné par les valeurs financières comme la banque Citigroup, dont le titre s'est effondré de 20%.
"On assiste à une liquidation des titres, l'argent part se cacher dans l'or et le bon du Trésor à 10 ans", a résumé un analyste de Wall Street.
L'assureur américain AIG a annoncé une perte nette record de 61,7 milliards de dollars au quatrième trimestre, frôlant les 100 milliards de dollars de pertes pour 2008. Pour parer au pire, le Trésor américain a dévoilé de nouvelles mesures de soutien à l'assureur, dont une rallonge de 30 milliards de dollars.
L'organisme de refinancement hypothécaire américain Freddie Mac a confirmé qu'il comptait réclamer une rallonge de 30 à 35 milliards de dollars.
Au Royaume-Uni, la banque HSBC, réputée pour sa solidité financière, a dû annoncer une augmentation de capital de 12,5 milliards de livres (14,1 milliards d'euros) après une chute de 70% de son bénéfice net. Elle va supprimer 6.100 emplois aux Etats-Unis. Cette augmentation de capital est la plus importante jamais réalisée en Grande-Bretagne.
Dans ce contexte, les Bourses européennes ont subi de lourdes pertes. Londres et Paris ont clôturé à leur niveau le plus bas depuis 2003, le Footsie lâchant 5,33% et le CAC 4,48%. Francfort a fini en baisse de 3,48%.
L'avalanche de mauvaises nouvelles s'est poursuivie aussi sur le front macro-économique.
Le produit intérieur brut (PIB) canadien a reculé de 3,4% en rythme annuel au quatrième trimestre 2008, un résultat un peu moins mauvais que prévu par les analystes (-3,6%). D'un trimestre sur l'autre, le PIB a reculé de 0,8%, soit la plus forte baisse enregistrée depuis 1991.
En France, la situation économique s'assombrit: Paris s'attend en 2009 à un recul du PIB de 1,5% et à "plus de 300.000 destructions d'emplois", selon la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.
L'Italie a, elle, annoncé une baisse de son PIB de 1% en 2008, la pire depuis 1975, après un recul des exportations.
Les ventes automobiles ont continué à chuter en février en Europe: en France elles ont baissé de 13,1%; elles ont reculé de 48,8% en Espagne.
Reflet de la paralysie économique, les ventes mondiales d'ordinateurs devraient reculer de 11,9% cette année, à 257 millions d'unités, soit le plus fort déclin de leur histoire.
"Il n'y a tout simplement aucune bonne nouvelle", a déclaré à Dow Jones Newswires David Halliday, directeur associé chez Macquarie Private Wealth. L'économie américaine traverse sa plus mauvaise passe depuis 50 ou 60 ans, alors il n'y a aucune raison pour que les actions montent".
Seule éclaircie: les dépenses de consommation des ménages américains ont augmenté en janvier de 0,6% par rapport à décembre - mieux que prévu après six mois consécutifs de baisse.
Les prix du pétrole ont chuté de 10% lundi à New York, le baril finissant à 40,15 dollars.
Sur le marché des changes, l'euro perdait du terrain face au dollar et au yen, après le rejet dimanche par les dirigeants européens de l'idée d'un grand plan d'aide pour l'Europe de l'Est face à la crise. Craignant de voir "un nouveau rideau de fer" couper l'Europe en deux, le Premier ministre hongrois Ferenc Gyurcsany avait plaidé dimanche à Bruxelles en faveur d'un programme de 190 milliards d'euros. Sa demande a été écartée par la plupart de ses partenaires.