Une dizaine de SDF se sont mués en borne internet vivante pour les participants au festival de la culture numérique SXSW d'Austin aux États-Unis. Une opération qui soulève une vive polémique.
Cette année, les "stars" du festival SXSW d'Austin (États-Unis) mêlant nouvelles technologies, musique et vidéo, s'appellent aussi Clarence, William ou encore Rudolph. Tous ont en commun d'être SDF et se sont transformés le temps de la manifestation (9-18 mars) en relais internet ambulant pour le confort d'un public surconnecté.
Une opération qui s'est attirée les foudres de la presse. Une dizaine de sans domicile fixe d’Austin ont en effet été choisis pour se mêler à la foule à qui ils proposent une connection internet très haut débit, grâce à une clef USB 4G qu'ils portent autour du cou. Pour deux dollars les 15 minutes, les accros au net mobile peuvent ainsi envoyer des mails, tweeter ou mettre à jour leur statut Facebook grâce à Clarence ou Rudolph qui les suit partout.
L'opération baptisée “Homeless Hotspots” (“relais internet sans domicile”) a été lancée par l’agence de communication britannique BBH Labs qui la qualifie d’”expérience de charité”, permettant aux SDF de "reprendre contact avec des gens". Elle assure également qu'ils recevront tout l’argent collecté. Mais pour une majorité de participants au festival, il s’agit plutôt d’une exploitation “douteuse” d'une population en détresse, comme le résume le site technologique Wired.
“Dystopie”
L'utilisation de la personne humaine comme infrastructure informatique, même si elle est rémunérée, n’a pas non plus convaincu les autres médias présents à Austin pendant le festival. À commencer par le New York Times qui s’est ému dès dimanche 11 mars de cette “dystopie” (contre-utopie). Depuis, les articles dénonçant “Homeless Hotspots” se multiplient, aussi bien dans des publications spécialisées - comme Gawker qui n’hésite pas à parler d’”idée stupide” - que dans des médias plus généralistes telle la BBC.
Face à cette controverse, Saneel Radia, responsable des projets innovants à BBH, s’est dit, lundi, “ouvert à toute critique”, et a assuré qu’il n’aurait “jamais mis en place une campagne avec la volonté de faire passer des êtres humains pour du matériel informatique”. Il estime que cette opération est une bonne source de revenus pour ces SDF alors que les ventes de journaux à la criée ne leur rapportent plus autant. "C’est un moyen moderne pour ces personnes de gagner de l’argent", renchérit l’association Front Step, qui vient en aide aux sans-abri et qui est partenaire de BBH, dans un email envoyé lundi au site spécialisé dans l’actualité des nouveaux médias BuzzFeed.
Et les sans domicile fixe qui participent à l’opération ? Plusieurs d’entre eux ont déclaré être “ravis” d’être présents au SXSW. Ils attendent néanmoins de savoir si BBH leur reversera comme promis l’argent collecté.