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Kofi Annan présente des "propositions concrètes" à Bachar al-Assad

Ce dimanche, Kofi Annan a présenté au président syrien "une série de propositions concrètes" qui auraient un "impact réel" sur le terrain. "Cela va être difficile mais nous devons faire preuve d'espoir", a t-il dit au terme de ce deuxième entretien.

REUTERS - Kofi Annan a souligné dimanche l'ampleur des difficultés à surmonter pour mettre fin à l'effusion de sang en Syrie tout en exprimant un optimisme mesuré à l'issue d'un nouvel entretien, le deuxième en deux jours, avec Bachar al Assad à Damas.

Le diplomate ghanéen, émissaire spécial des Nations unies et de la Ligue arabe, dit avoir soumis au président syrien des "propositions concrètes".

"Cela va être dur. Cela va être difficile mais nous devons faire preuve d'espoir", a dit Kofi Annan aux journalistes avant de s'envoler vers le Qatar.

"Je suis optimiste pour plusieurs raisons", a-t-il ajouté en faisant état d'un souhait général pour un retour à la paix en Syrie. "La situation est si mauvaise et si dangereuse que, tous,
nous ne pouvons nous permettre d'échouer."

L'ancien secrétaire général de l'Onu a réclamé un arrêt immédiat des violences en Syrie, où le bilan de la répression du mouvement de contestation contre le régime est de 7.500 morts depuis mars 2011, selon les Nations unies.

"Il faut commencer par arrêter les meurtres, le malheur et les violences qui se déroulent aujourd'hui et ensuite donner du temps (à la recherche d'une) solution politique", a-t-il poursuivi.

"J'ai exhorté le président à tenir compte du proverbe africain qui dit 'si tu ne peux pas changer le sens du vent, alors retourne ta voile'", a déclaré Kofi Annan, en insistant sur la nécessité de changements et de réformes en Syrie.

Les autorités syriennes n'ont pas rendu compte dans l'immédiat de la teneur des entretiens de dimanche. La veille, Bachar al Assad, cité par l'agence syrienne Sana, a déclaré à Kofi Annan qu'aucune solution politique ne serait possible tant que des "terroristes" continueraient de répandre le chaos et l'instabilité dans son pays, que sa famille dirige depuis 1970.

L'opposition juge pour sa part qu'aucun dialogue n'est possible avec un président responsable de tant de souffrances pour son propre peuple.

"Qu'il démissionne constitue assurément la condition première de toute discussion ou négociation", a déclaré Bassma Kodmani, du Conseil national syrien (CNS), dimanche, sur la BBC.

Réunion à l'ONU

Malgré la visite de Kofi Annan, le régime syrien a poursuivi son offensive militaire contre des bastions de l'opposition dans le nord-ouest du pays.

Trois militaires et un civil ont péri dimanche matin dans des combats dans le village de Djanoudiah, dans la province d'Idlib, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Rami Abdoulrahman, directeur de cette ONG basée à Londres, a déclaré que la ville d'Idlib était plus calme au lendemain d'un assaut mené par des blindés, laissant ainsi entendre que les rebelles armés avaient soit quitté la ville, soit renoncé à affronter directement les forces du régime.

Selon l'OSDH, 39 civils, dont 25 dans la province d'Idlib, ont été tués samedi, ainsi que 39 rebelles et 20 militaires pour un bilan total de 98 morts.

Le Conseil de sécurité de l'Onu doit débattre lundi de la situation dans les pays arabes, en particulier de la Syrie.

A cette occasion, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton rencontrera le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Invité samedi à une réunion de ses homologues de la Ligue arabe au Caire, ce dernier a essuyé les vives critiques du Qatar et de l'Arabie saoudite. Ces deux pays accusent la Russie d'avoir donné début février un blanc seing à la répression entreprise par le régime syrien en opposant avec la Chine son veto à un projet de résolution appuyant l'idée arabe d'une mise à l'écart de Bachar al Assad.

Les Etats-Unis ont préparé un nouveau texte mais ne croient guère à ses chances d'adoption par le Conseil de sécurité.

"Je ne pense pas que nous obtiendrons cette résolution, malheureusement, parce que nous nous heurtons toujours à une position inflexible de la Russie", a également prédit Alain Juppé dimanche sur Europe 1.

Prié de dire s'il voyait une évolution de la position russe, le chef de la diplomatie française, qui sera présent lundi au siège de l'Onu, a répondu : "Je l'espérais et pour l'instant je ne vois aucun signe. Nous verrons demain à New York."