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Un nouveau championnat de Chine démarre ce samedi avec, en joueur vedette de la compétition, Nicolas Anelka. Entretien avec Nicolas Ouédec, ancien international français, qui a évolué trois ans dans le championnat chinois.

Coup d’envoi ce samedi d’une nouvelle saison footballistique en Chine. Le Guangzhou FC remet son titre de champion de Chine en jeu. Ce nouveau championnat suscite un engouement exceptionnel, car à l’intersaison, l’ex-attaquant international français Nicolas Anelka arrive au club de Shanghai Shenhua, où il a signé un contrat de deux ans.

L’ancien joueur au CV prestigieux - il a joué à Arsenal, au PSG, au Real Madrid, à Liverpool, à Manchester City, à Fenerbahçe, à Bolton et à Chelsea - est la figure de proue de cette "Chinese Super League" qui cherche une visibilité internationale. Les instances du football chinois espèrent donc que l’arrivée d’Anelka en Chine produira les mêmes effets que celle de David Beckham aux États-Unis.

Ainsi, l’affluence dans les stades chinois en hausse ces dernières saisons (10 500 spectateurs en 2006 contre 17 500 en 2011) devrait continuer à progresser.

Revers de la médaille : pour aider à financer le salaire hebdomadaire d’Anelka (234 000 euros), le club de Shanghai Shenhua a plus que doublé le prix de ses billets. En l’espace d’une saison, ils sont passés de 350 yuans (42 euros) à 800 yuans (96 euros).

Nicolas Ouédec, l’ancien international français qui a fait les beaux jours du club français du FC Nantes, connait bien le championnat chinois pour y avoir passé trois ans entre 2002 et 2004. Élu meilleur joueur étranger du pays dès sa première saison sous les couleurs de Dalian Shide, il a accepté de répondre aux questions de FRANCE 24 sur l’arrivée d’Anelka en Chine.

France 24 : Avez-vous gardé de bons souvenirs de votre expérience de footballeur en Chine ?

Nicolas Ouédec : Excellents. J’y suis arrivé en 2002. Quand l’offre m’est parvenue, je me suis posé beaucoup de questions. Mon agent a réussi à me convaincre et je suis allé voir sur place. Et là, j’ai été bluffé par l’organisation, l’ambiance, le stade…

On était en 2002, l’année de la coupe du Monde en Corée du Sud et au Japon. Cela coïncidait également avec la première qualification de la Chine pour un Mondial. Il y avait un effet médiatique conséquent. En plus, j’arrivais dans le club de Dalian qui était le numéro un à l’époque.

F24 – Quel était l’engouement du public chinois pour le football à cette période ?

N. O. – C’était impressionnant. À cette époque, il n’y avait pas beaucoup d’étrangers dans le championnat chinois, donc l’engouement autour de nous était énorme. À titre personnel, j’ai vécu plusieurs "émeutes" autour des hôtels où nous logions avant les matches ! Le football était très médiatisé.

F24 – Pensez-vous que l’arrivée de Nicolas Anelka va populariser encore plus le football chinois ?

N.O. - Anelka est le diamant que l’on va mettre en avant pour que cela brille. Après il faut voir ce que vont faire les clubs qui ont moins de moyens que le club de Shanghai. Mais, je pense que l’arrivée d’Anelka peut faire un effet boule de neige.

F24 – La pression doit donc être importante pour les joueurs qui arrivent en Chine…

N. O. - Exactement ! Il y a une pression bien présente, encore plus sur les joueurs étrangers que sur les joueurs locaux. Les patrons de clubs investissent sur toi, ils veulent donc un retour sur investissement très rapidement. J’ai vu certains joueurs brésiliens ou argentins qui arrivaient en préretraite, qui faisaient trois matchs et qui étaient renvoyés chez eux.

F24 – Comment s’organisait le quotidien dans votre club en Chine ?

N. O. - Au niveau du mode de vie, il y a une grande différence entre les joueurs locaux et les joueurs étrangers. Les Chinois sont toute la semaine entre eux. Ils vivent en communauté dans le centre d’entraînement.

Les joueurs étrangers, eux, peuvent vivre en dehors du centre, comme c’était mon cas. Par contre, les premiers mois, le staff m’a testé. Il m’appelait tard, vers 23 h ou minuit, pour savoir si j’étais bien à l’hôtel et non sorti en ville.

F24 – Les infrastructures chinoises sont-elles de qualité ?

N. O. – Elles sont impressionnantes, digne de ce que l’on peut trouver dans les grands clubs européens. Les centres d’entraînements sont super bien équipés avec une multitude de terrains (synthétiques, herbes…).

En plus, les stades sont gigantesques, à l’image du pays. Les enceintes de 50 000 places sont des petits stades ! En général, les joueurs jouent dans des stades de 80 000 places.

F24 –
Pensez-vous que Nicolas Anelka va prendre plaisir dans ce championnat ?

N. O. - Le niveau du championnat chinois équivaut au haut de tableau de deuxième division française ; limite Ligue 1 pour certains matches. Anelka va donc vraiment s’éclater ! Il est dans une ville exceptionnelle. Je pense qu’il va prendre beaucoup de plaisir. En plus, il retrouve un entraîneur français, Jean Tigana. Il n’aura donc pas la barrière de la langue.

La communication, c’est la seule difficulté, car les joueurs chinois n’aiment pas se mélanger aux étrangers. Ils sont entre eux et ne partagent pas grand-chose.