Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) essaye de pénétrer dans le quartier rebelle de Baba Amr, à Homs, dont l'accès lui est refusé. Un blocage qui indigne la communauté internationale. Ankara parle de "crimes contre l'humanité".
AFP - La Croix-Rouge tentait toujours samedi d'entrer à Baba Amr, quartier rebelle de Homs repris jeudi après des semaines de pilonnage par les autorités syriennes, qui bloquent l'aide humanitaire en dépit des pressions internationales.
A Deraa, berceau de la contestation contre le régime, un attentat suicide à la voiture piégée a tué deux civils et fait 20 blessés, civils et agents de sécurité, selon l'agence officielle Sana. Les Comités locaux de coordination (LCC), qui animent la contestation sur le terrain, ont accusé le régime du président Bachar al-Assad "d'être derrière" cette attaque.
A Damas, les dépouilles de la journaliste américaine Marie Colvin et du photographe français Rémi Ochlick, transportées et identifiées vendredi soir à l'hôpital universitaire Assad, devaient être remises samedi à l'ambassadeur de France et à celui de Pologne, qui représente les intérêts des Etats-Unis, pour qu'ils procèdent à leur rapatriement.
Vendredi, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Croissant rouge arabe syrien (CRAS) ont envoyé un convoi d'aide humanitaire pour Baba Amr. Mais samedi, les sept camions attendaient toujours de pouvoir entrer dans le quartier, ce qui a provoqué la colère de la communauté internationale.
Les autorités ont avancé des raisons de sécurité, en particulier la présence de bombes et mines sur la chaussée, alors que les journalistes de la télévision officielle ont pu pénétrer et diffuser des images.
"Aucune de nos équipes n'était entrée samedi en fin de matinée dans ce quartier et (les autorités) n'ont pas autorisé l'entrée des aides. Nous sommes toujours en négociation", a affirmé le porte-parole du CICR à Damas, Saleh Dabbakeh.
Le chef des opérations du CRAS, Khaled Erksoussi, a confirmé qu'aucune équipe n'était entrée à Baba Amr. "Les autorités nous ont fait savoir que l'accès nous était interdit pour des raisons de sécurité", a-t-il ajouté.
Vendredi, le président du CICR, Jakob Kellenberger avait jugé "inacceptable que des gens qui attendent de l'aide d'urgence depuis des semaines n'aient toujours reçu aucun soutien" et précisé que le convoi allait rester à Homs "dans l'espoir de pouvoir entrer très prochainement à Baba Amr".
Dans une première réaction officielle à la prise de Baba Amr, le quotidien gouvernemental As Saoura affirmait samedi à la une: "Les services compétents ont rétabli la sécurité et la sûreté dans le quartier de Baba Amr après l'avoir désinfecté des groupes terroristes armés qui ont tout détruit et qui ont transformé la ville en enfer".
Le quartier a été soumis durant près d'un mois à un pilonnage systématique de l'artillerie, faisant des centaines de morts selon plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme ainsi que d'immenses dégâts, avant que les forces régulières prennent d'assaut Baba Amr.
La situation en Syrie est "inacceptable, intolérable", a affirmé vendredi le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, appelant les autorités syriennes à "laisser entrer sans conditions préalables" l'aide humanitaire dans le pays et l'ensemble des parties à cesser "toute violence".
L'ONU s'efforce toujours d'organiser "dès que possible" une visite en Syrie de sa responsable des opérations humanitaires, Valérie Amos, pour qu'elle évalue la situation humanitaire sur place, a ajouté M. Ban. Cette semaine, les autorités syriennes ont refusé d'autoriser Mme Amos à entrer dans le pays, tout en assurant ensuite que ce n'était qu'une question de date.
itSur le plan politique, M. Ban affirmé que la mission de Kofi Annan, nouvel émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie, serait "d'obtenir un cessez-le-feu, de mettre fin à la violence et d'aider à une solution politique" par le biais d'un "dialogue politique".
Selon M. Ban, M. Annan doit se rendre mercredi au Caire pour y rencontrer le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, avant de gagner Damas "dès que possible".
Signe que les violences sont loin de se tarir et que le dialogue pour l'instant impossible, des déserteurs ont lancé une attaque à Hrak contre des véhicules militaires qui avaient pris d'assaut cette localité de la province de Deraa.
Au moins six membres de l'armée régulière ont été tués et neuf autres blessés dans les combats, en marge desquels un civil est mort et cinq autres ont été blessés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).