Les journalistes français Edith Bouvier et William Daniels, blessés à Homs le 22 février, sont arrivés à l'aéroport militaire de Villacoublay, après avoir été rapatriés de Syrie via le Liban. Ils ont notamment été accueillis par Nicolas Sarkozy.
Edith Bouvier et William Daniels ont atterri le vendredi 2 mars, peu après 18 heures, à l’aéroport de Villacoublay, en banlieue parisienne. Les deux journalistes français arrivaient du Liban à bord d'un avion de la République, après avoir été rapatriés de Homs, dans le centre de la Syrie, où ils avaient été bloqués pendant plus d’une semaine.
Avant d’aller s’entretenir avec les deux journalistes dans l’avion, le président Nicolas Sarkozy, qui les a accueillis à l’aéroport, a loué le "courage" d'Edith Bouvier, 31 ans, qui souffre d'une double fracture du fémur et souligné l'esprit "chevaleresque" de William Daniels, 34 ans, "qui n'a jamais abandonné" la journaliste du Figaro "alors qu'il était valide".
Il a également rendu hommage au grand reporter de France 2, Gilles Jacquier, tué à Homs à 43 ans en janvier, et au photographe Rémi Ochlik, 28 ans, mort dans le bombardement dans lequel Edith Bouvier a été blessée, le 22 février, dans un quartier de Homs.
En jean et blouson de cuirs, le photojournaliste indépendant William Daniels est sorti de l’avion souriant et en forme. Il s’est entretenu sur le tarmac avec ses proches ainsi qu’avec Etienne Mougeotte, directeur des rédactions du Figaro, et le président Nicolas Sarkozy.
Gravement blessée à la jambe, Edith Bouvier a quant à elle été sortie de l’appareil sur une civière rigide par une équipe de pompiers. Elle a serré ses proches dans ses bras avant d’être transportée en ambulance vers l’hôpital militaire de Percy, situé à Clamart, près de Paris.
Damas devra "rendre des comptes"
Juste avant l’arrivée des deux journalistes, le président Nicolas Sarkozy avait déclaré que Damas aurait à rendre des comptes devant la justice internationale : "Je voudrais dire de la façon la plus solennelle que les autorités syriennes auront à rendre des comptes devant les juridictions pénales internationales de leurs crimes."
Selon l’AFP, le parquet de Paris aurait ouvert, le 1er mars, une enquête préliminaire sur le "meurtre" du photographe français Rémi Ochlik et la "tentative de meurtre" sur Edith Bouvier lors du bombardement du quartier de Baba Amr, à Homs, le 22 février. Les familles n’ont cependant pas encore porté plainte.
L'un des premiers objectifs de cette enquête serait de recueillir des données permettant d'identifier formellement le corps de Rémi Ochlik, qui était, vendredi en fin d'après-midi, en cours d'acheminement - par le Comité International de la Croix Rouge (CICR) - vers Damas, comme celui de Marie Colvin.
La journaliste américaine, qui travaillait pour le "Sunday Times", a été tuée le 22 février, dans le bombardement du QG de presse mis en place par des membres de l’opposition syrienne à Homs, bastion de l’insurrection contre le régime dont les troupes de Bachar-al Assad ont repris le contrôle, le 1er mars.
Un long périple de Homs à Paris
Edith Bouvier, en mission pour le Figaro, et William Daniels avaient pu quitter la Syrie le 29 février au soir, après plusieurs jours d’attente et une tentative d’évacuation ratée dans la nuit de 27 au 28 février. Pris en embuscade par l’armée syrienne, le convoi, composé d’opposants syriens de l’Armée syrienne libre (ASL) et de l’ONG Avaaz, avait finalement été contraint de faire demi-tour.
Cette nuit-là, seul le photographe britannique Paul Conroy était parvenu à rejoindre le Liban, suivi le 29 février du journaliste espagnol d’"El Mundo" Javier Espinosa.
Edith Bouvier et William Daniels étaient en sécurité depuis jeudi soir au Liban - où Edith Bouvier avait été placée en observation à l’hôpital Hôtel-Dieu de France, à Beyrouth. Interrogé par France 24, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero avait alors précisé que "sa blessure à la jambe est sérieuse, mais d’après les médecins qui l’ont auscultée, elle a été bien soignée".