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Le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy (photo), a annoncé que le taux de chômage devrait atteindre 24,3% à la fin de l'année 2012. Il vise également un déficit de 5,8% du PIB - bien inférieur aux 4,4% demandés par Bruxelles.

AFP - Le déficit public espagnol va nettement dépasser l'objectif prévu en 2012 et atteindre 5,8% du PIB, ne permettant pas à Madrid de respecter ses engagements auprès de la Commission européenne, a averti vendredi le chef du gouvernement, Mariano Rajoy.

"L'objectif de déficit public sera pour cette année de 5,8% du Produit intérieur brut", a annoncé à la presse M. Rajoy au terme d'un sommet européen à Bruxelles, alors que Madrid s'était auparavant engagé à le ramener à 4,4% du PIB.

"Le chiffre de déficit public qui sera dans notre budget 2012 ne sera pas celui qui a été présenté aux dirigeants européens, je n'étais pas obligé de le faire. C'est une décision que prennent les Espagnols", a-t-il estimé.

Il présentera le budget 2012 à la Commission en avril.

Le chef du gouvernement espagnol a jugé que le nouvel objectif de déficit public était "raisonnable", sachant que l'objectif d'un déficit à 4,4% du PIB avait déjà été jugé irréaliste par nombre d'économistes.

Le pays devrait en effet entrer en récession une nouvelle fois dès ce trimestre, après avoir connu une faible croissance, de 0,7% de son PIB, en 2011. Il souffre en outre d'un chômage de masse --le plus élevé d'Europe-- avec près de 23% de la population active qui est sans emploi.

Pour 2012, le gouvernement prévoit même un taux de chômage de 24,3%.

"Je ne pense pas que cela va avoir des retombées sur les marchés ou sur les émissions de dette de l'Espagne, car le gouvernement doit donner l'impression de faire des réformes structurelles. Nous prenons des décisions et nous nous y tenons", a affirmé le Premier ministre espagnol, se voulant confiant.

Quatrième économie de la zone euro, l'Espagne est dans la tourmente depuis le début de la semaine, quand elle a annoncé que son déficit public s'était établi à 8,5% du PIB et non à 6%, le seuil fixé par le précédent gouvernement socialiste.

Compte tenu de ce dérapage, les objectifs de Madrid pour 2012 et 2013 semblaient impossibles à atteindre car ils représentent un effort supplémentaire de 29 milliards d'euros en 2012, à ajouter aux 15 milliards de l'ajustement adopté en décembre.

Selon plusieurs sources, M. Rajoy s'était rendu au sommet européen de Bruxelles avec l'espoir d'obtenir un peu de souplesse de la part de ses partenaires européens.

Mais "il n'y a pas eu de débat sur un quelconque assouplissement", a affirmé vendredi le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

L'annonce de M. Rajoy survient quelques heures après qu'il a signé le pacte budgétaire qui instaure plus de discipline en Europe via la mise en place de règles d'or pour maîtriser les déficits publics.

M. Rajoy était visiblement tendu vendredi en paraphant ce nouveau traité exigé par l'Allemagne, en échange de son aide financière.

Dans le même temps, le gouvernement espagnol a fait savoir que le pays serait en forte récession en 2012, avec un repli de 1,7% du PIB contre 1% attendu selon les prévisions de la Commission européenne.