logo

Imbroglio autour de l'évacuation au Liban de la journaliste Édith Bouvier

Après avoir affirmé que la journaliste Édith Bouvier, blessée et bloquée durant une semaine à Homs, avait été évacuée au Liban, le président Nicolas Sarkozy a finalement indiqué ne pas être en mesure de confirmer l'information.

Nicolas Sarkozy, qui avait déclaré mardi à BFMTV que la journaliste française Édith Bouvier, blessée la semaine dernière lors d'un pilonnage à Homs, était arrivée au Liban "saine et sauve", est finalement revenu sur ses déclarations.

"Il n'est pas confirmé qu'elle soit aujourd'hui en sécurité au Liban", a-t-il affirmé à des journalistes, en marge d'une visite à Montpellier. "Les communications avec Homs sont difficiles. Je ne voudrais pas vous dire des choses inexactes. Nous travaillons sur l'exfiltration mais pour l'instant [...], je ne peux rien dire", a-t-il ajouté, en parlant d'une situation "extrêmement complexe".

it
Imbroglio autour de l'évacuation au Liban de la journaliste Édith Bouvier

Situation confuse

Après s’être dit "heureux que ce cauchemar prenne fin", Nicolas Sarkozy, interrogé sur un éventuel contact avec Édith Bouvier, avait répondu lors de ses premières déclarations qu'il n'avait "pas eu de contact. On m'a informé. Vous savez, ça été compliqué".

La situation autour du sort de la jeune femme reste donc extrêmement confuse. Ni le quai d’Orsay, ni la cellule de communication de l’Élysée, ni la famille de la journaliste, contactée par FRANCE 24, ne sont en mesure, à cette heure, de confirmer qu’Édith Bouvier est bien sortie de Homs, et a fortiori du pays. "Nous n’avons aucune information et Édith Bouvier pourrait toujours se trouver en Syrie", a admis Franck Louvrier, conseiller en communication de Nicolas Sarkozy, contacté par FRANCE 24.

La journaliste indépendante, en mission pour le quotidien "Le Figaro", souffre d’une double fracture au fémur. Elle a été blessée le 22 février à Homs dans le bombardement du QG de presse qui a tué Marie Colvin, grand reporter du "Sunday Times", et le Français Rémi Ochlik, photographe à l’agence IP3. Le photographe Paul Conroy, blessé au même moment, a été évacué dans la nuit de lundi à mardi.

Le sort des journalistes espagnol et français, Javier Espinosa et William Daniels, reste également incertain.

it
"Les journalistes blessés sont des instruments pour le régime syrien."
Imbroglio autour de l'évacuation au Liban de la journaliste Édith Bouvier

Paul Conroy en sécurité à Beyrouth

Le photographe britannique Paul Conroy a lui bien été évacué, dans la nuit de lundi à mardi, de la ville syrienne de Homs vers le Liban. Selon le Foreign Office, Paul Conroy, blessé à la jambe, “est en sécurité au Liban où il est entièrement pris en charge par l’ambassade britannique.”

Le Conseil de Sécurité de l'ONU planche sur un nouveau projet de résolution

Le Conseil de sécurite de l’ONU se penchera ce mardi sur un nouveau projet de résolution sur la Syrie qui prévoit l’arrêt des violences et l’accès de l’aide humanitaire aux zones les plus touchées, a annoncé le ministère français des Affaires étrangères.

La Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a exigé un "cessez-le-feu humanitaire immédiat" devant les membres du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU à Genève.

Depuis la Grande-Bretagne, la famille de M. Conroy s'est réjouie de son évacuation. Les Conroy a indiqué à l’AFP que son épouse avait pu parler à leur fils et qu'elle avait trouvé qu'il avait "un très bon moral".

"Le CICR [Comité international de la Croix-Rouge, NDLR], à Damas, précise de son côté qu’il n’est pas intervenu dans cette évacuation et que c’est probablement l’opposition syrienne qui a réussi à faire sortir le ressortissant britannique", rapporte Sélim el-Meddeb, correspondant de FRANCE 24 au Liban.

Une supposition confirmée par le groupe de solidarité internationale Avaaz qui déclare dans un communiqué que cette opération a été menée par des activistes syriens coordonnés par Avaaz, sans l’aide d’aucune autre organisation.

Le réseau de solidarité de l’opposition

Un activiste libanais qui aide à l’évacuation des blessés raconte que Conroy a été transporté de Homs au Liban dans la nuit, sur des sentiers interdits. "Conroy et ceux qui l’accompagnaient sont entrés dans la région de Wadi Khaled en passant par les environs du village de Hnayder peu après minuit en moto", a-t-il précisé à l’AFP.

C’est grâce à l’aide précieuse de ces activistes que des blessés sont sortis de Syrie chaque jour: "Des opposants syriens proposent toute les nuits d’aider à l’évacuation des blessés depuis que Remi Ochlik et Marie Colvin ont été tués", peut-on lire dans le communiqué d’Avaaz qui précise que dix opposants ont été tués dans la nuit de lundi à mardi alors qu’ils apportaient du matériel médical dans le quartier de Bab Amr, le quartier assiégé par l’armée syrienne où se trouvaient les journalistes.

Nous n’avons à ce jour aucune d’information sur l’emplacement des corps de Marie Colvin et Rémi Ochlik.

Paul Conroy, 47 ans, père de trois enfants, et Edith Bouvier, 31 ans, sont apparus les traits tirés la semaine dernière sur une vidéo dans laquelle ils demandaient leur exfiltration d’urgence de la ville de Homs, pilonnée sans relâche depuis 25 jours.