
Dimanche, sur fond de violences - au moins 30 personnes ont péri -, les Syriens étaient appelés aux urnes pour se prononcer sur le projet de nouvelle Constitution. À Homs, le pilonnage du quartier de Baba Amr se poursuit.
AFP - Les bureaux de vote pour le référendum sur une nouvelle Constitution maintenant de larges prérogatives au chef de l'Etat tout en supprimant la prééminence au parti Baas au pouvoir depuis un demi-siècle ont ouvert dimanche à 07H00 (05H00 GMT), a indiqué la télévision officielle.
AFP - Les négociations de la Croix-Rouge internationale avec les autorités et les opposants syriens se sont achevées une nouvelle fois dimanche sans accord pour évacuer les blessés, dont deux journalistes occidentaux, bloqués à Homs toujours pilonnée par l'armée syrienne.
"L'évacuation n'aura pas lieu dimanche. Nous avons besoin de l'accord de toutes les parties pour mener à bien notre rôle humanitaire impartial et pouvoir évacuer les blessés", a affirmé le porte-parole du CICR à Damas Saleh Dabbakeh.
Plus de 14 millions de Syriens, âgés de plus de 18 ans, sont appelés aux urnes mais les contestataires et l'opposition, qui réclament le départ du président Bachar, ont appelé au boycottage.
Ce scrutin se déroule alors que la répression a fait au moins 7.600 morts selon des militants, les violences se poursuivant après plus de 11 mois de révolte.
Les violences ont fait samedi 94 morts, dont 68 civils, selon un bilan communiqué par l'Obervatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'organisation basée en Grande-Bretagne précise que 24 civils, notamment, ont péri à Homs, pilonnée sans répit depuis trois semaines par l'armée syrienne, et huit autres dans la région autour de la ville, tandis que 23 membres des forces du régime ont été tués à travers le pays dans des affrontements avec des déserteurs.
Ce projet de Constitution s'inscrit dans le cadre des réformes promises par le régime pour tenter de calmer la contestation, mais l'opposition, qui voit le même "esprit" dans le nouveau texte que dans l'ancien, a appelé à boycotter le vote.
La mesure la plus spectaculaire est le remplacement de l'article 8 de la Constitution de 1973, qui stipule que le parti Baas "est le dirigeant de l'Etat et de la société", par une disposition instaurant le "pluralisme politique".
Cependant, le chef de l'Etat garde d'importants pouvoirs puisque c'est lui qui choisit le Premier ministre --et le gouvernement-- indépendamment de la majorité parlementaire, et qu'il peut dans certains cas rejeter des lois.
L'article 88 prévoit que le président ne peut être élu que pour deux septennats, mais l'article 155 précise que ces dispositions ne s'appliqueront qu'à partir de la prochaine élection présidentielle prévue en 2014, ce qui permet en théorie à Bachar al-Assad de rester au pouvoir encore 16 ans.
Le texte maintient aussi l'article 3 selon lequel "le président doit être musulman" et la jurisprudence islamique reste "l'une des principales sources de la législation", ce qui heurte les formations laïques et les minorités confessionnelles en général proches du pouvoir.
Des affiches ont été placardées dans toute la capitale et la télévision d'Etat diffuse des spots. "C'est la première fois que les messages se bornent à inviter les citoyens à se rendre aux urnes, sans les inciter à voter pour la Constitution", a affirmé à l'AFP le ministre de l'Information, Adnane Mahmoud.
Mais les Comités de coordination locaux, qui animent la contestation sur le terrain, ont appelé au boycottage et à la grève générale dimanche dans tout le pays "car le régime cherche par ce biais à cacher ses crimes".