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Pour la 10e journée consécutive, mardi, les forces armées de Bachar al-Assad pilonnaient la ville de Homs. Une répression que la Haut commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay, qualifie d'"impitoyable".

AFP - Le régime syrien lançait lundi son assaut le plus violent sur la ville rebelle de Homs depuis des jours, "encouragé" selon l'ONU par l'échec des pays occidentaux et arabes à mettre fin à l'effusion de sang.

Au moins 6 morts ce mardi à Homs, selon une ONG

"Six personnes ont été tuées dans les bombardements continus sur le quartier de Baba Amr depuis ce matin", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Le bombardement de Baba Amr qui a commencé à l'aube est le plus violent depuis cinq jours. En moyenne, deux roquettes tombent chaque minute", a auparavant affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, chef de l'OSDH, citant des militants sur place.

La "capitale de la révolution" syrienne subit depuis l'aube les bombardements les plus violents depuis cinq jours, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), avec "en moyenne deux roquettes qui tombent chaque minute".

L'incapacité du Conseil de sécurité de l'ONU à se mettre d'accord sur une action collective a "encouragé le gouvernement syrien à lancer un assaut sans retenue dans le but d'écraser la dissidence", a estimé lundi la Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Navi Pillay.

Dans la troisième ville de Syrie où plus de 300 personnes ont péri depuis le 4 février dans une "attaque sans discernement contre des zones civiles" selon l'ONU, le temps presse et la crise humanitaire est de plus en plus intolérable.

"La situation est tragique", affirme lundi à l'AFP Hadi Abdallah, membre du "Conseil de la révolution de Homs", indiquant que les gens sont "entassés dans les abris" et que "les morts sont enterrés depuis une semaine dans les jardins car même les cimetières et les tombes sont visés".

"Il y a des femmes enceintes, des gens qui souffrent de problèmes cardiaques, de diabète et surtout des blessés qu'on n'arrive pas à évacuer", dit-il, rapportant que trois militants qui apportaient de l'aide à Homs lundi soir sont morts carbonisés lorsque leur voiture a été touchée par un obus.

Les communications et l'électricité sont coupées et plusieurs témoins n'ont pas pu être joints par téléphone au cours des derniers jours.

Face à l'aggravation de la crise, les condamnations se succèdent sans qu'une véritable issue ne pointe à l'horizon.

Lundi, le président américain Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron "sont tombés d'accord sur la nécessité de se coordonner étroitement pour accroître la pression sur le régime", tandis que la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a jugé "déplorable que le régime ait intensifié la violence".

Les Nations unies ont affirmé de leur côté que les forces syriennes avaient "vraisemblablement" commis des crimes contre l'humanité en réprimant depuis onze mois la contestation populaire hostile au régime, au prix de plus de 6.000 morts, selon des militants.

Profondément divisée sur la crise syrienne, la communauté internationale l'est encore plus sur la proposition d'une force de paix en Syrie avancée dimanche par la Ligue arabe: Paris a mis en garde contre toute action "à caractère militaire", Moscou exigé un cessez-le-feu et Washington souligné qu'en l'absence de paix, une telle initiative était compliquée.

La Russe, alliée de Damas et la Chine, bloquent toute résolution condamnant la répression en Syrie, utilisant jusqu'à présent leur droit de veto à deux reprises au Conseil de sécurité.

Parallèlement au pilonnage de Homs, les affrontements se poursuivaient entre soldats et déserteurs, faisant 11 morts lundi, une journée durant laquelle 18 civils ont également été tués, dont deux adolescents.

"La révolution continuera jusqu'au dernier nourrisson", pouvait-on lire sur une pancarte lors d'une manifestation lundi dans la province de Deraa (sud). "Bachar, on a encore des comptes à régler, ton dernier jour est arrivé", scandaient des dizaines de personnes à Idleb (nord-ouest).

La Ligue arabe avait annoncé, en plus de l'idée d'une force conjointe avec l'ONU, son soutien politique et matériel à l'opposition.

Burhan Ghalioun, chef du Conseil national syrien (CNS, opposition) a vu dans ces décisions "les premiers pas" vers la chute du régime, mais Damas a répondu qu'elles n'empêcheraient pas le gouvernement "d'assumer ses responsabilités" dans "le rétablissement de la sécurité".

Arabes et Occidentaux doivent lancer cette semaine une nouvelle tentative pour faire condamner Damas, cette fois à l'Assemblée générale de l'ONU --organe consultatif où le veto n'existe pas. Moscou et Pékin devraient une fois encore s'opposer à ce projet, préparé par l'Arabie saoudite et le Qatar, très similaire au texte bloqué par leur double veto le 4 février.

Autre étape au calendrier: la "Conférence des amis de la Syrie", que Tunis s'est proposé d'organiser le 24 février et qui a reçu lundi un soutien appuyé de Mme Clinton et de son homologue turc Ahmet Davutoglu en visite à Washington.