Les forces du régime ont pilonné pour le cinquième jour consécutif Homs. Les télécommunications et l'électricité ont été coupées, les infrastructures détruites et la nourriture se fait rare. Focus sur une ville devenue symbole de la contestation.
"Où est passée la conscience de l’humanité ?", s’écriait il y a quelques jours un habitant de Homs sur l’antenne de FRANCE 24. Cette ville de l'ouest de la Syrie, dont certains quartiers comme Bab Amr sont soumis depuis cinq jours à d'intensifs bombardements de l’armée régulière, est le principal foyer de la contestation (voir l'infographie ci-dessous).
Homs, une ville à majorité sunnite
Homs, à l'ouest de la Syrie, est une ville universitaire dont l’activité repose essentiellement sur un important secteur industriel et agricole (sucreries, pressoirs à huile, filatures).
Troisième ville du pays, elle compte plus d’un million d'habitants, majoritairement sunnites et une minorité chrétienne. Une importante communauté alaouite (20%) vit au sud de la ville.
Après Deraa, berceau du soulèvement populaire contre le régime du président Bachar al-Assad il y a onze mois, puis Hama, c’est la "capitale de la révolution" qui est désormais la cible principale de la campagne de répression des forces de sécurité du régime. "Plus de 400 civils ont été tués à Homs depuis le vendredi 3 février", a déclaré Rami Abdel Rahmane, chef de l'OSDH, basé en Grande-Bretagne
"Ce matin vers 6 heures, les chars de l’armée syrienne ont envahi le quartier d’Inchaat. Ils ont aussi violemment bombardé Baba Amr. Ils ont occupé l’hôpital public Al-Hikma où nous recevions les blessés. Ils l’ont transformé en une sorte de caserne militaire et en prison où ils retiennent et torturent les citoyens", expliquait mercredi 8 février
un Observateur de FRANCE 24 qui réside dans la ville.
Appel au secours
Télécommunications et électricité coupées, infrastructures détruites,
denrées alimentaires et médicaments de plus en plus rares : les habitants assiégés depuis plusieurs mois crient au secours. Selon l’ONG Médecins sans frontières, citant des témoignages, les forces de sécurité arrêtent les blessés dans les hôpitaux publics et contrôle la distribution du sang. Les rues de la ville sont pratiquement vides et la nuit tombée la population reste cloîtrée chez elle.
Réputé historiquement pour le climat de tolérance qui régnait entre les différentes communautés, Homs est également la proie de tensions intercommunautaires depuis le soulèvement. Ainsi, des attaques ciblées ont visé la communauté alaouite, soupçonnée de soutenir le régime - le président Bachar al-Assad étant lui-même alaouite. Face à l’insécurité grandissante dans leurs quartiers, plusieurs milliers d’alaouites ont quitté la ville pour leurs villages d'origine dans les montagnes au nord-ouest de Homs après les premières violences interreligieuses. De leur côté, des milliers de familles des quartiers sunnites,
cibles principales de la répression, ont migré vers d'autres régions du pays ou vers le Liban.