Au moins 217 personnes ont péri à Homs dans la nuit de vendredi à samedi selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui évoque un "véritable massacre". Le Conseil de sécurité doit voter samedi un nouveau projet de résolution.
AFP - Au moins 217 opposants ont été tués par des tirs de mortier dans la nuit de vendredi à samedi dans la seule ville d'Homs, centre de la Syrie, alors qu'ils manifestaient contre le régime, a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Si ce chiffre était confirmé, il s'agirait de la journée la plus meurtrière depuis le début de la révolte contre le président Bachar al-Assad en mars 2011.
Quelque 138 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées dans le quartier
d'Al Khalidiya et 79 dans d'autres quartiers, selon un communiqué de l'organisation qui appelle "le peuple syrien dans toutes les régions à descendre dans les rues des villes et des villages et à se lever contre le régime qui commet un véritable massacre en ce moment à Homs".
Selon l'OSDH, plus d'une vingtaine de manifestants ont également été tués dans le reste du pays dans la journée de vendredi et des centaines d'autres blessés.
Les chaînes d'information arabes Al-Arabiya et Al-Jazira ont montré des dizaines de corps sans vie jonchant les rues d'Homs.
"C'est un véritable massacre", avait déclaré à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abderrahman, en réclamant "l'intervention immédiate" de la Ligue arabe, alors que le Conseil de sécurité de l'ONU a prévu de se réunir samedi à New York pour voter une résolution condamnant la répression en Syrie, mais sans mentionner le sort de Bachar al-Assad.
itSelon l'OSDH, les forces loyalistes ont tiré sur les milliers de manifestants descendus dans la rue à Damas et dans l'ensemble du pays en hommage aux dizaines de milliers de personnes mortes il y a 30 ans à Hama (centre) lors de la répression d'un soulèvement des Frères musulmans par Hafez al-Assad, le père de l'actuel président.
A Homs, des témoins interrogés par Al-Jazira ont parlé d'une pluie de bombes à fragmentation et d'un incessant pilonnage qui ont converti la ville en une zone de guerre.
Un résident, Danny Abdul Ayem, a mentionné "un bombardement incessant ... par des chars d'assaut et des mortiers".
Selon des twits, dont les auteurs affirment être des habitants de Homs, la ville était "en train d'être saignée" et sous un bombardement intense, un résident assurant avoir compté "366 explosions dans la nuit".
Un étudiant en médecine a affirmé à Al-Jazira que l'hôpital local ne pouvait plus faire face à l'afflux de blessés. "Nous manquons de sang, nous manquons d'oxygène...Nous avons ouvert une mosquée proche" pour recevoir les blessés, a-t-il dit.
L'AFP n'a pas été en mesure dans l'immédiat de vérifier l'authenticité des vidéos diffusées ni celle des résidents, du fait des restrictions imposées aux journalistes sur place.
Durant toute la journée les manifestations se sont succédées dans la province de Damas, mais aussi à Deraa et Daël (sud), Idleb (nord-ouest), Lattaquié (ouest) et à Hama même.
Nombre d'opposants, vêtus de noir, chantaient et dansaient, scandant des slogans à la gloire de l'Armée syrienne libre (ASL), composée de déserteurs de l'armée.
Selon l'OSDH, dans la province de Damas, cinq civils sont morts à Daraya, deux à Douma et deux autres dans la soirée à Rastan. Près de la capitale, deux civils ont été tués dans la localité de Rankous.
Dans la région d'Idleb (nord-ouest), deux enfants ont été tués par l'explosion d'un engin, et un jeune homme a été tué par balle. A Alep (nord), trois civils ont été tués, et un à Hama.
"Des manifestations massives ont eu lieu dans la capitale, dont l'une a rassemblé 1.500 personnes", a indiqué à l'AFP Oussama al-Chami, porte-parole des militants sur le terrain pour Damas et sa province.
"Les manifestants ont été la cible de tirs des forces de sécurité présentes en masse à travers la capitale" où elles avaient encerclé toutes les mosquées, a-t-il ajouté.
"Quatorze soldats de l'armée régulière dont un colonel ont été tués dans des affrontements avec des groupes de déserteurs" dans les provinces de Deraa (sud), Homs (centre) et Deir Ezzor (est), selon l'OSDH.
Selon Human Rights Watch, les forces gouvernementales se livrent à des tortures y compris sur des enfants âgés d'à peine de 13 ans, qui ont rapporté avoir été "brutalement battus et électrocutés", ou encore brûlés avec des cigarettes.
Ces nouvelles violences interviennent alors que les 15 pays membres du Conseil de sécurité doivent se réunir samedi matin à New York pour voter sur un projet de résolution condamnant la répression en Syrie, selon un diplomate.
Il s'agit du texte transmis aux capitales jeudi qui "soutient pleinement" (...) la décision de la Ligue arabe de "faciliter une transition politique conduite par les Syriens eux-mêmes et menant à un système politique démocratique et pluraliste".
Concessions à la Russie, le texte ne demande plus explicitement le départ du président syrien et ne mentionne ni embargo sur les armes, ni nouvelles sanctions.
Le Conseil a été incapable jusqu'ici d'adopter une résolution sur la Syrie malgré dix mois de violences qui ont fait au moins 6.000 morts, selon des militants. Une précédente résolution avait été bloquée en octobre par un veto russe et chinois.
Le projet de résolution "condamne toute violence d'où qu'elle émane et (..) exige que toutes les parties en Syrie, dont les groupes armés (d'opposition), cessent immédiatement toute violence ou représailles".
Il "dénonce les violations continues, flagrantes et étendues des droits de l'homme" par les autorités syriennes et demande "que le gouvernement syrien mette immédiatement fin" à ces violations et à "ses attaques contre ceux qui exercent leur droit à la liberté d'expression".