La dégradation de la note française devrait être lourde de conséquences pour l'actuel locataire de l'Élysée à moins de 100 jours de la présidentielle. Son rival socialiste ne semble pas pour autant réussir à profiter de la situation.
La décision de Standard & Poor’s sera-t-elle déterminante dans l’élection présidentielle ? À moins de 100 jours du scrutin, elle risque en tout cas de "changer […] la nature de la campagne présidentielle en France", comme le note l’éditorialiste Gaëtan de Capèle dans Le Figaro.
À première vue, la dégradation de la note souveraine de la France pourrait être lourde de conséquences pour le président Nicolas Sarkozy, dont la candidature n’a toutefois pas encore été officialisée. Selon une enquête OpinionWay publiée en décembre 2011, 68 % des Français estimaient que la perte du AAA serait synonyme d’échec pour le chef de l'État.
Un "camouflet" que la presse française ne manque pas de souligner, à l’image du quotidien Libération daté du samedi 14 janvier, dont la une est barrée d'un grand "Srkozy" amputé de son "A". Le Parisien, plus mesuré, préfère parler de "coup dur pour l’Élysée".
D’ailleurs, le président lui-même aurait évoqué sa difficulté à se relever d’une telle nouvelle. À en croire Le Canard Enchaîné, il aurait glissé en décembre dernier : "Si on perd le triple A, je suis mort."
Les candidats à la présidentielle aussi n’ont pas manqué de tirer à boulets rouges sur le numéro un français. Le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, qui fait la course en tête dans les sondages depuis plusieurs mois, a évoqué "la bataille perdue" de Sarkozy tandis que la candidate du Front national (extrême droite), Marine Le Pen, a annoncé la "fin du mythe du président protecteur".
Pour sa part, le candidat du Modem (centre), François Bayrou, a élargi la critique au-delà du camp de la majorité présidentielle. Pour lui, la perte du triple A "signe des années d’échec et de dérive", faisant allusion aux gouvernements de droite et de gauche des dernières années.
Candidats anti-système
Pour Gaëtan de Capèle du Figaro, "les socialistes ont beau jubiler", ils ne devraient pas tirer profit de cette situation. "Ce n’est pas une bonne nouvelle pour Sarkozy, mais ce n’est pas non plus une bonne nouvelle pour Hollande", confirme Éric Bonnet, directeur des études BVA Opinions.
En effet, le leader socialiste ne semble pas faire figure, aux yeux de tous, de candidat idéal pour faire face à la crise économique, comme le souligne Yves Thréard, qui, dans l’édito du Figaro, ce lundi 16 janvier, pointe du doigt le "triple défaut" de François Hollande, à savoir "l’inexpérience", "l’immobilisme" et "la dépense".
Pour sa part, François Fillon s’est également chargé, dans les colonnes du Journal du Dimanche daté de dimanche 15 janvier, de suggérer au candidat PS de "soumettre son programme à l'agence de notation Standard & Poor's" estimant qu’"il n’y a que des augmentations de dépenses et des hausses d’impôts, et pire encore, des retours en arrière sur des décisions structurelles comme la réforme des retraites ou la politique nucléaire de la France".
En revanche, les candidats anti-système qui proposent des politiques alternatives pourraient tirer leur épingle du jeu. Pour Éric Bonnet, directeur des études BVA Opinions, "les électeurs de droite déçus par le sarkozysme vont se tourner vers Bayrou et Le Pen".
Les programmes des candidats François Bayrou, qui surfe sur le thème de l’union nationale, et de Marine Le Pen, qui place sa campagne sous le signe du protectionnisme national et de la sortie de l’euro, viennent de gagner en crédibilité. Déjà portés par les récents sondages, ces deux candidats pourraient alors jouer les trouble-fête lors du premier tour.