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Les Kazakhs se rendaient aux urnes, ce dimanche, pour renouveler le Parlement après la décision du régime de convoquer des législatives anticipées, un mois après les troubles sociaux qui ont touché le secteur stratégique des hydrocarbures.

AFP - Le Kazakhstan a voté dimanche pour des législatives anticipées un mois après un soulèvement social réprimé dans le sang dans ce pays d'Asie centrale qui jusqu'à présent se targuait de sa stabilité, sous la houlette de l'inamovible Noursoultan Nazarbaïev.

Les bureaux de vote ont fermé à 15H00 GMT dans l'Ouest de cette ex-république soviétique d'environ 16 millions d'habitants grande comme cinq fois la France et comptant deux fuseaux horaires.

La participation a atteint 71,98% une heure avant la fin du scrutin, en hausse par rapport aux dernières législatives en 2007 (64,56%). Le taux était cependant nettement plus bas dans les deux principales villes, Astana et Almaty où est concentrée la classe moyenne, avec respectivement 40,3% et 29,2%.

Sept partis participent à ces élections qui font suite à la dissolution du Majilis (chambre basse du Parlement) en novembre et dans lequel ne siégeait que le parti du président Nazarbaïev, Nour Otan.

Les sondages sortie des urnes doivent être rendus publics à 18H00 GMT. Les premiers chiffres officiels ne seront pas disponibles avant lundi matin.

Dimanche, les électeurs kazakhs choisiront 98 députés. Neuf autres parlementaires seront désignés le lendemain par l'Assemblée du peuple du Kazakhstan, qui représente les différentes ethnies du pays.

Noursoultan Nazarbaïev a voté dans la matinée à Astana, la capitale qu'il a fait bâtir depuis 1998 grâce à la manne pétrolière kazakhe, estimant que ses concitoyens feraient le "bon choix".

M. Nazarbaïev, 71 ans et au pouvoir depuis l'époque soviétique, a aussi assuré que "tout a été fait pour que les élections soient libres et honnêtes".

Dans la journée, le principal parti d'opposition, OSDP-AZAT a déploré dans un communiqué que ses observateurs n'aient pas eu accès à de nombreux bureaux de vote.

"Le pouvoir utilise de nouveau des méthodes sales: les mêmes électeurs votent à plusieurs reprises dans plusieurs bureaux de vote", souligne OSDP.

Avant même le scrutin, l'opposition a dénoncé les manoeuvres du régime pour l'affaiblir, alors qu'aucune élection kazakhe n'a été reconnue comme démocratique par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Les autorités ont par ailleurs exclu la candidature d'un leader d'OSDP, Boulat Abilov. Un autre mouvement d'opposition, Roukhaniat a lui été interdit de participer aux élections après avoir dénoncé la répression d'un mouvement de grève dans le secteur pétrolier à Janaozen (ouest) à la mi-décembre, qui a fait 16 morts, selon un bilan officiel.

Les cinq autres partis en lice sont considérés comme loyaux envers le pouvoir.

Néanmoins, la prochaine Assemblée comptera au moins deux partis, une réforme adoptée après le scrutin de 2007 prévoyant que la formation arrivant en deuxième position obtiendra des députés même si elle ne dépasse pas la barre des 7% nécessaires pour être représentée.

La victoire du parti Nour Otan devrait être tout de même écrasante, à l'instar de la présidentielle d'avril remportée par M. Nazarbaïev, avec quelque 95% des suffrages, et qui en 2010 s'est vu octroyer des pouvoirs à vie.

Le régime kazakh, qui a toujours insisté sur l'exceptionnelle stabilité du pays dans cette région frontalière de l'Afghanistan a cependant vécu une année 2011 difficile.

Le Kazakhstan a ainsi été le théâtre d'une série d'attentats revendiqués par des groupuscules islamistes et qui ont tué plusieurs policiers.

Et le jour de la célébration des 20 ans de l'indépendance kazakhe, le 16 décembre, un mouvement de grève d'ouvriers pétroliers a dégénéré à Janaozen en émeute, réprimée dans le sang.

Signe de l'inquiétude du régime, l'état d'urgence était toujours en vigueur dans la ville où quelque 2.000 policiers ont été déployés.

Usant avec pragmatisme de ses énormes réserves naturelles, le Kazakhstan maintient de très bonnes relations non seulement avec la Russie et la Chine, mais aussi avec l'Europe et les Etats-Unis, qui évitent de trop critiquer les dérives autoritaires du régime.