Ma Ying-jeou a été réélu avec 51,6% des voix contre 45,6% pour la chef de l'opposition Tsai Ing-wen. Pékin, qui craignait une victoire de cette dernière, tenante d'une politique indépendante vis-à-vis de la Chine, devrait être rassuré.
REUTERS - Le président sortant, le nationaliste Ma Ying-jeou, a été réélu samedi pour un deuxième mandat à Taïwan, un résultat susceptible de rassurer aussi bien la Chine que les Etats-Unis.
Ma, 61 ans, s'est engagé à poursuivre la politique de détente avec Pékin.
Les observateurs prédisaient un scrutin serré mais la commission électorale a annoncé que Ma Ying-jeou, du Kuomintang, avait recueilli 51,6% des voix contre 45,6% pour la candidate de l'opposition, Tsai Ing-wen.
"Nous avons gagné", a lancé Ma à la foule de ses partisans en liesse réunis au siège de son parti malgré une pluie battante.
"Au cours des quatre prochaines années, les relations entre les deux rives du détroit (de Formose) seront plus pacifiques, marquées par une plus grande confiance mutuelle et lesrisques de conflit seront moindres", a-t-il ajouté.
Tsai a reconnu sa défaite et a annoncé qu'elle démissionnait de ses fonctions à la tête du Parti démocrate progressiste (PDP), principale formation d'une coalition indépendantiste.
Ma a cependant remporté une victoire de moindre ampleur que celle obtenue en 2008 avec 17 points d'avance sur le candidat du PDP.
Les nationalistes du Kuomintang ont aussi reculé aux élections législatives organisées simultanément même s'ils conservent une majorité de 64 sièges sur 113 à l'assemblée, contre 81 dans la chambre sortante, selon les résultats officiels. Le PDP dispose pour sa part de 40 élus, les neuf sièges restant étant répartis entre différentes formations.
"Nous allons continuer à laisser l'économie prospérer, à préserver la paix et les relations amicales entre les deux rives du détroit afin d'obtenir davantage de résultats concrets en matière de coopération dans des domaines importants", a réagi le président d'honneur du Kuomintang, Lien Chan.
"Nous devons débattre en profondeur des critiques que les électeurs nous ont adressées", a-t-il cependant ajouté en observant le recul de son parti.
RAPPROCHEMENT
L'emploi, le logement ou le pouvoir d'achat comptent au moins autant que le contexte géopolitique aux yeux des électeurs, ont prévenu des observateurs avant le scrutin.
Taïwan, qui a servi de refuge aux nationalistes en 1949 après la guerre civile remportée en Chine par les communistes, est revendiquée par Pékin et étroitement soutenue par Washington.
La vision indépendantiste du PDP suscite la colère de la Chine, qui considère les ventes d'armes américaines à Taiwan comme un obstacle majeur à un renforcement de ses relations avec les Etats-Unis.
Sous la direction de Ma, le Kuomintang a mené une politique de rapprochement économique avec la Chine tout en promettant de ne proclamer ni l'indépendance de l'île ni son unification avec le continent.
En 1996, lors du premier scrutin présidentiel au suffrage direct à Taïwan, la Chine avait procédé à des tirs de missiles au large de l'île. Pékin a depuis adopté une attitude plus mesurée afin de ne pas pousser les électeurs taïwanais dans les bras du PDP.
Signe de cette détente, la plupart des près de 200.000 Taïwanais revenus de l'étranger pour voter samedi sont arrivés de Chine.
Ces élections se sont déroulées dans un contexte particulier en raison du changement de direction programmé en fin d'année en Chine et de l'élection présidentielle organisée en novembre aux Etats-Unis.
La défaite des indépendantistes devrait donc être accueillie avec une pointe de soulagement aux Etats-Unis car elle écarte un facteur de tensions avec la Chine dans une période de transition à Pékin et d'incertitudes à Washington.