La Russie a reconnu que les chantiers titanesques entrepris pour l'organisation des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi, en 2014, avaient accumulé un retard considérable. Mais les autorités assurent que tout sera prêt à temps.
AFP - Les travaux en vue des jeux Olympiques de 2014 à Sotchi (sud de la Russie) ont pris du retard, a rapporté vendredi le quotidien Vedomosti, un problème qui a été reconnu pour la première fois par les autorités russes et a poussé le président Dmitri Medvedev à intervenir.
Jusqu'à présent, Moscou assurait que le calendrier de ce méga-projet, dans lequel le Premier ministre russe Vladimir Poutine s'est personnellement impliqué, était respecté, alors que des doutes étaient régulièrement émis sur la capacité de la Russie à finir à temps ce chantier capital pour l'image du pays.
Mais dans son rapport annuel transmis jeudi à la Douma (chambre basse du Parlement russe), la Cour des Comptes russe révèle que la construction de 76 sites olympiques sur 393 au total est en retard sur le calendrier, a indiqué Vedomosti.
Cette question a déjà été l'objet le 5 janvier d'une réunion à huis clos à laquelle participait le président russe.
"Le rythme des travaux est malheureusement inégal en raison de problèmes de financement, d'autres problèmes, dont les délais de conception, et dans certains cas il s'agit d'une mauvaise organisation des travaux", avait déclaré M. Medvedev au début de la réunion avant qu'elle ne soit fermée aux médias, dans des propos publiés sur le site du Kremlin.
Selon Vedomosti, qui a discuté avec un participant à la réunion du 5 janvier et une source au Kremlin, les problèmes les plus sérieux concernent la piste de bobsleigh et le grand stade où doit avoir lieu la cérémonie d'ouverture des JO, qui doivent être construits par la société publique Olimpstroï.
Les essais sur la piste de bobsleigh ont été reportés à mars, tandis qu'il a été proposé de revoir la conception du toit semi-ouvert du stade.
Lors de cette réunion, il a été proposé de faire passer de 56.000 à 70.000 le nombre d'ouvriers sur les chantiers et il a été décidé de mettre fin à la construction du nouveau port de Sotchi. La construction envisagée d'une grande centrale électrique pourrait elle aussi être annulée, selon Vedomosti.
Face à ce problème inquiétant, M. Medvedev a chargé M. Poutine, de "prendre des mesures pour renforcer la responsabilité des organisations, de leurs propriétaires et dirigeants qui ne remplissent pas à temps les obligations prévues dans les contrats publics" d'ici le 15 février, selon une directive du Kremlin publiée vendredi sur son site.
Le président russe a par ailleurs demandé que la construction de deux tremplins et de la piste de bobsleigh soit achevée dans les temps. Il a aussi chargé le procureur général Iouri Tchaïka de se pencher sur le dossier.
"Actuellement, nous ne voyons aucun risque pour les épreuves de préparation de fin 2012 et 2013, et encore moins pour les Jeux Olympiques", a toutefois déclaré Ilya Djous, porte-parole du vice-Premier ministre Dmitri Kozak chargé de superviser les travaux, cité par Interfax.
Selon un dirigeant d'une entreprise chargée des travaux cité par Vedomosti, le principal responsable de ces retards est souvent Olimpstroï, en charge de la construction des infrastructures communales.
Un responsable gouvernemental a confirmé que la plupart des sites sportifs construits par les entreprises privées étaient prêts à 85-95%, tandis que les infrastructures qui leur sont reliées ne l'étaient qu'à 20-30%.
Olimpstroï, un conglomérat public créé ad hoc en 2007 pour ces JO, a été par le passé soupçonné dans plusieurs affaires de corruption.
Les JO de Sotchi constituent de loin le plus important évènement international organisé dans le pays depuis la chute de l'Union soviétique en 1991.
La Russie a aussi été choisie en 2010 pour l'organisation du Mondial de football 2018, un autre projet nécessitant des travaux titanesques.