Daniel Ortega, qui entame un troisième mandat présidentiel de cinq ans à la tête du Nicaragua, a prêté serment en présence de chefs d'État, tous latino-américains à l'exception de l'iranien Mahmoud Ahmadinejad, en tournée en Amérique du Sud.
AFP - L'ex-guérillero Daniel Ortega a entamé mardi un troisième mandat présidentiel, le second consécutif, à la tête du Nicaragua, un des pays les plus pauvres de la planète, avec une solide majorité au Parlement qui fait craindre à ses opposants une dérive autocratique du régime.
Daniel Ortega a prêté serment en présence de chefs d'Etat étrangers, parmi lesquels l'iranien, Mahmoud Ahmadinejad, en pleine crise diplomatique avec les pays occidentaux en raison de son programme nucléaire, et le vénézuélien, Hugo Chavez.
Plus de huit mille invités ont participé à la cérémonie dans un décor grandiose sur la Place de la révolution, qui était au centre historique de la capitale nicaraguayenne avant qu'un tremblement de terre ne la ravage en 1972, ornée pour l'occasion de milliers de fleurs qui formaient un arc de triomphe.
"L'humanité toute entière demande la paix avec de la dignité, avec du travail, avec de la justice (...) Avec la paix nous pouvons affronter les défis de la pauvreté, la pauvreté extrême, conséquence du modèle économique" a affirmé Ortega dans un discours.
Le président nicaraguayen a appelé à opter pour un modèle "plein d'amour, de justice, de solidarité" estimant que "le capitalisme sauvage n'a plus sa place sur cette planète".
Ortega a par ailleurs défendu le droit des pays à "développer l'énergie atomique".
Le "Comandante Daniel", qui a troqué l'uniforme vert du guérillero pour les chemises blanches et les envolées messianiques, a été réélu en novembre avec 62% des suffrages - un résultat contesté par l'opposition.
Sa majorité des deux tiers au parlement lui permettrait de procéder à une révision constitutionnelle sans avoir à passer d'alliances politiques, mais son parti, le Front sandiniste de libération nationale (FSLN), a écarté pour le moment une quelconque réforme qui aurait pour objectif son maintien au pouvoir.
Le président Ortega entame son mandat avec comme défi principal celui de lutter contre la pauvreté, qui touche 45% des 5,8 millions de Nicaraguayens.
Ortega peut notamment compter pour cela sur son allié Hugo Chavez qui verse annuellement environ 500 millions de dollars au Nicaragua - quasiment un salaire minimum par habitant.
A son arrivée à Managua le président Ahmadinejad s'est déclaré "très heureux d'être sur la terre de la Révolution".
"Ces deux peuples (nicaraguayen et iranien), en différents points de la Terre, luttent pour établir la solidarité et la justice", a-t-il affirmé , saluant son "frère révolutionnaire Ortega".
Ahmadinejad, qui a visité le Venezuela lundi, doit se rendre mercredi à Cuba et jeudi en Equateur.
Le prince Felipe d'Espagne et le vice-président cubain, Ramiro Valdez, ont également assisté aux cérémonies d'investiture ainsi que d'autres dirigeants latino-américains .
Ortega a été, entre 1984 et 1989, le premier président élu du Nicaragua, après que la guérilla sandiniste, dont il était l'un des principaux dirigeants, eut renversé en 1979 la dictature des Somoza.
Ancienne bête noire des Etats-Unis - qui avaient soutenu et financé les "Contras" antisandinistes pendant la guerre civile des années 1980 -, il a abandonné le marxisme de ses débuts pour s'afficher désormais en social-démocrate très porté sur la religion.