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Plusieurs pays de l'organisation plaident pour que l'ONU aide les observateurs en Syrie à mener leur mission, très critiquée ces derniers jours alors que la répression contre les opposants au régime de Bachar al-Assad se poursuit.

AFP - La controverse suscitée par la mission des observateurs de la Ligue arabe en Syrie incite certains pays à vouloir revenir devant le Conseil de sécurité de l'ONU pour mettre fin à la répression menée par le régime du président Bachar al-Assad.

De leur côté, les militants pro-démocratie ont appelé à manifester vendredi sous le slogan "Nous demandons une internationalisation" de la crise syrienne.

"Tout le monde est conscient des dangers qui menacent notre révolution. Nous n'allons pas abdiquer. Nous sortirons (dans les rues) avec notre revendication légitime pour une internationalisation de notre cause" par le biais d'un transfert à l'ONU, ont-ils affirmé sur la page Facebook "Syrian Revolution 2011".

Le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem Al Thani, a évoqué mercredi avec Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, "les moyens concrets par lesquels l'ONU pourrait soutenir la mission des observateurs de la Ligue arabe en Syrie", selon un porte-parole de l'organisation internationale.

"Nous sommes ici pour demander une aide technique et pour nous informer de l'expérience de l'ONU, car c'est la première fois que la Ligue arabe envoie des observateurs et il y a certaines erreurs", a déclaré cheikh Hamad à l'agence de presse koweïtienne Kuna.

Le Premier ministre du Qatar préside le comité ministériel de la Ligue arabe sur la Syrie, qui doit se réunir dimanche au Caire pour entendre le rapport du chef de la mission d'observateurs.

Les opposants et les militants syriens ont dénoncé le "manque de professionnalisme" des observateurs arabes dépêchés en Syrie pour tenter de faire cesser les violences, ainsi que "les moyens détournés dont use le régime pour entraver" leur travail.

Des militants ont diffusé sur YouTube une courte vidéo présentée comme la rencontre dans la ville de Homs entre des observateurs de la Ligue arabe et des membres de l'Armée syrienne libre (ASL), formée par des soldats dissidents.

On y voit des hommes assis dans une pièce, certains en uniforme militaire, d'autres avec le gilet orange des observateurs, tandis qu'un homme en civil explique que la réunion est destinée à montrer que ces combattants sont des officiers dissidents et non pas un "gang armé" comme l'affirme le régime.

Selon les Comités locaux de coordination (LCC), qui chapeautent la mobilisation sur le terrain, 390 personnes ont été tuées depuis le début de la mission des observateurs le 26 décembre.

En revanche, les autorités syriennes ont critiqué mercredi les "ingérences" des Etats-Unis dans la mission des observateurs, accusant Washington de tenter de transférer le dossier syrien au Conseil de sécurité.

Washington avait estimé mardi que la Syrie n'avait pas respecté ses engagements vis-à-vis de la Ligue arabe et qu'il était "largement temps" pour le Conseil de sécurité de l'ONU d'agir pour "soutenir les aspirations légitimes des Syriens".

Sur le terrain, l'intervention des forces de sécurité contre les manifestants pro-démocratie a fait jeudi au moins cinq morts, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Un civil a été tué par des tirs des forces de sécurité dans le quartier Khalidiyé à Homs (centre), un des bastions de la contestation contre le régime. Et à Deir Ezzor (est), quatre autres civils ont été tués par les forces gouvernementales qui ont tiré à la mitrailleuse lourde dans le village Ghariba.

En outre, des affrontements ont eu lieu à l'aube entre 14 déserteurs, dont un officier, et des soldats de l'armée régulière à Sanamein, dans la région de Deraa (sud), selon la même source.

Dans le même temps, les autorités syriennes ont annoncé avoir libéré 552 détenus "impliqués" dans le soulèvement populaire mais n'ayant "pas de sang sur les mains", selon l'agence officielle Sana.

Il s'agit du deuxième groupe de détenus libérés depuis le début le 26 décembre de la mission des observateurs arabes chargés de surveiller l'application d'un plan de sortie de crise de la Ligue prévoyant l'arrêt des violences, le retrait de l'armée des villes et la libération des manifestants arrêtés.

Selon une estimation de l'ONU, les violences en Syrie ont fait plus de 5.000 morts depuis le début de la révolte à la mi-mars.