La Commission électorale nationale indépendante congolaise (Céni) a momentanément interrompu le traitement des résultats des législatives du 28 novembre, après avoir reçu des réclamations sur le processus de collecte dans certaines circonscriptions.
AFP- La Commission électorale (Céni) de RD Congo, critiquée lors de publication des résultats de la présidentielle, a annoncé mercredi soir la suspension de la compilation de certains résultats des législatives, en attendant la mise en place d'une aide technique internationale.
"En vue de garantir le transparence et la crédibilité" des législatives, "les opérations de compilation des résultats dans tous les centres locaux de compilation (CLCR) en cours de traitement", "sont suspendues, en attendant l'arrivée des équipes de supervision et d'appui technique international", indique le Céni dans un communiqué.
Au moins 24 personnes ont été "tuées" et plusieurs dizaines d'autres ont été arrêtées "arbitrairement" par les forces de sécurité en République démocratique du Congo depuis la réélection contestée de Joseph Kabila le 9 décembre, a affirmé jeudi l'ONG Human Rights Watch.
"Au moins 24 personnes ont été tuées par les forces de sécurité entre les 9 et 14 décembre, dont 20 à Kinshasa, deux au Nord-Kivu (est) et deux au Kasaï Occidental (centre)", écrit l'ONG de défense des droits de l'Homme dans un communiqué.
La Céni a pris cette mesure après avoir été saisie "de réclamations" de partis politiques sur le processus de compilation.
La Céni a commencé à publier sur son site internet les résultats provisoires d'une trentaine de circonscriptions mais la publication pour les quelque 140 circonscriptions restantes est "subordonnée, le cas échéant, par l'examen des contestations" dont elle est "saisie et a délibéré", ajoute le communiqué.
La Céni "continuera à publier les résultats provisoires des CLCR qui n'auront fait "l'objet d'aucune réclamation", est-il précisé.
Couplé aux législatives le 28 novembre, l'élection présidentielle à un tour, remportée par le sortant Joseph Kabila, a été entachée de multiples irrégularités, dénoncées par des observateurs nationaux et internationaux, et plusieurs pays.
Arrivé deuxième, l'opposant Etienne Tshisekedi a rejeté les résultats et s'est autoproclamé "président élu". M. Kabila a prêté serment mardi et M. Tshisekedi veut le faire vendredi, dans un stade à Kinshasa.
L'Union européenne avait menacé mardi de "réévaluer" son "soutien" au pays si des progrès ne sont pas réalisés dans le dépouillement des votes des législatives.
La chef de la diplomatie américaine Hilary Clinton avait dénoncé un scrutin présidentiel mal géré et "manquant de transparence", en suggérant aussi "une révision du processus électoral".
"Il fallait prendre des mesures d'urgence. Il faut rendre le processus beaucoup plus transparent pour éviter les désagréments de la présidentielle", a expliqué à l'AFP Jacques Djoli, vice-président de la Céni.
Il a notamment évoqué la "pression énorme" exercée sur les CLCR, alors que 19.000 candidats se sont présentés pour seulement 500 sièges à pourvoir à l'Assemblée nationale.
La Mission de l'ONU en RDC (Monusco) devrait désormais travailler en "partenariat" avec les équipes de la Céni pour la compilation des résultats, et la Grande-Bretagne et les Etats-Unis pourraient fournir une aide, a ajouté M. Djoli.
Les résultats complets provisoires des législatives doivent être annoncés le 13 janvier.