
Le Tribunal pénal international pour le Rwanda a reconnu les deux anciens hauts responsables coupables de crimes de génocide et contre l'humanité pour leur rôle dans le massacre qui a coûté la vie à 800 000 Rwandais entre avril et juin 1994.
AFP - Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a condamné mercredi à la prison à vie les anciens dirigeants hutu du parti, aujourd'hui dissous, de l'ex-président Juvénal Habyarimana, pour leur rôle dans le génocide rwandais de 1994.
"La chambre condamne unanimement Matthieu Ngirumpatse", ancien président du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND) "à l'emprisonnement à vie," a déclaré le juge Dennis Byron. Il a répété la même condamnation à l'encontre de l'ex-vice président du MRND, Edouard Karemera.
Les deux hommes ont été reconnus coupables de crimes de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Les trois juges du tribunal leur ont reproché de n'avoir ni prévenu ni condamné les exactions commises en 1994 par des jeunes du MRND, les Interahamwe.
Selon ce jugement, c'est à partir du 11 avril 1994 que "l'entreprise criminelle commune" visant à exterminer les tutsis a pris corps. Ce jour-là et le lendemain, dit le jugement, des armes ont été distribuées à des Interahamwe à l'Hôtel des Diplomates à Kigali avec le consentement de M. Ngirumpatse.
"A cette étape du génocide, il était prévisible que ces armes allaient être utilisées pour tuer les tutsis", ont écrit les trois magistrats dans leur jugement.
"Aussitôt après cette date, une entreprise criminelle commune a vu le jour, avec la participation de responsables du gouvernement intérimaire, de dirigeants politiques et de responsables des Interahamwe, d'hommes d'affaires influents", poursuit le texte. Elle s'est "poursuivie jusqu'à la mi-juillet 1994."
Le génocide, perpétré d'avril à juin 1994, a fait, selon l'ONU, environ 800.000 morts, dans l'immense majorité au sein de la minorité tutsi. L’attentat contre l’avion du président rwandais hutu Juvénal Habyarimana avait servi de déclencheur aux massacres.