Free, nouvel opérateur mobile : l'Arcep a donné son accord mardi pour que cette hypothèse, évoquée depuis plusieurs années, devienne réalité. Pour Xavier Niel (photo), PDG du groupe, il s'agit de l'aboutissement d'une longue lutte acharnée.
P..., cinq ans ! L’attente et la bataille auront été longues pour Free. Mardi, son PDG Xavier Niel a reçu le dernier feu vert nécessaire pour se lancer à l’assaut du marché de la téléphonie mobile. L’Arcep, le régulateur français des télécoms, a reconnu que tout était en ordre et que le réseau haut débit mobile mis en place par Free touche suffisamment de Français (plus de 25%) pour l'autoriser à lancer ses forfaits.
Peu après avoir franchi ce dernier obstacle, Xavier Niel annoncait - pour son tout premier tweet - que “the rocket is on the launch pad” (la fusée est sur la rampe de lancement). Une manière de s’exprimer décontractée et un brin provocatrice, qui colle bien avec l’image d’agitateur des marchés établis que veulent se donner Free et son boss.
"Un marché devenu... immobile"
Car Xavier Niel considère son offensive comme une façon de donner un coup de jeune à un secteur où, selon de nombreux observateurs, trois acteurs se seraient trop longtemps partagés le gâteau, tranquillement. “Rien ne me ferait plus plaisir que de bouleverser le marché”, assure-t-il dans un entretien accordé au Nouvel Observateur de jeudi et dont des extraits sont disponibles sur le site du magazine. Pour ce faire, il serait prêt à “diviser tous les prix par deux".
Une agressivité tarifaire qui avait déjà permis au groupe de changer la donne dans l’Internet fixe à haut débit. Lors de son entrée sur ce marché en 2002, Free avait innové avec le principe du tarif unique (un seul type d’abonnement), puis avait été le premier à introduire les abonnements “triple-play” (téléphone, internet et télévision). Des pratiques aujourd’hui adoptées par tous ses concurrents.
Ce précédent n’a pas échappé à la sainte trinité de la téléphonie mobile (Orange, Bouygues et SFR). Ces trois géants du 06 - condamnés en 2005 par le Conseil de la concurrence pour entente tarifaire sur les forfaits - voient d’un mauvais oeil l’éventuelle arrivée de Free.
Canal historique vs Free
Cette hostilité est telle qu’ils ont même été accusés d'un lobbying intense pour retarder au maximum l’attribution à Free de la quatrième licence 3G (Internet haut débit mobile), nécessaire pour intégrer le marché. Le groupe de Xavier Niel avait en effet déposé sa demande en 2006 et n’a obtenu gain de cause qu’en 2010.
En comparaison, France Telecom et SFR avait dû patienter deux ans pour décrocher le fameux sésame (en 2002) tandis que Bouygues Telecom l’avait obtenu en un an (en 2003). Une différence de traitement que Free a plusieurs fois dénoncée. En mai dernier, Xavier Niel évoquait les "amitiés” et “ intérêts économiques bien compris” du pouvoir pour expliquer la lenteur de la procédure. Des accusations que les trois opérateurs historiques ont toujours réfutées.
Depuis quelques mois, ils se sont résignés à l’arrivée du trublion et se préparent en conséquence. Tous les trois se lancent dans le forfait à bas prix - environ 30 euros - avec B&You (Bouygues), Sosh (Orange) et Red (SFR).
Des forfaits à 3 euros ?
Mais cette contre-offensive risque de ne pas suffire, tant l’attente semble forte chez certains. Alors que l’opérateur n'est pas encore sur le marché, les sites consacrés à Free Mobile se multiplient. Une infographie collectant toutes les rumeurs, même les plus folles (comme des forfaits à 3 euros), sur les futures offres a même été réalisée.
Mais cette spéculation va bientôt prendre fin. L’Arcep a, en effet, donné à Free jusqu’au 12 janvier pour se lancer dans le grand bain du mobile. Xavier Niel pourrait même être tenté de dévoiler ses offres dans les prochains jours, afin de ne pas rater la période des fêtes de fin d’année.