Le Crédit agricole, BNP Paribas et la Société générale voient leur note abaissée d'un cran par Moody's. L’agence de notation estime qu’en cas de besoin, la probabilité que ces banques aient recours à un soutien de l’État reste "très élevée".
REUTERS - L’agence de notation Moody’s a abaissé vendredi les notes de crédit des trois principales banques françaises BNP Paribas, Société générale et Crédit agricole, une décision qui reflète la nette dégradation des conditions de financement des banques européennes dans le contexte de crise de la zone euro.
BNP et Crédit Agricole voient leur note de dette à long terme abaissée d’un cran à « Aa3 » et SocGen d’un cran à « A1 », dans le cadre d’un processus de révision enclenché en juin dernier.
Moody’s a également assorti les notes des trois banques françaises d’une perspective négative.
Outre la dégradation des conditions de financement et de l’environnement macroéconomique, l’agence de notation estime qu’en cas de besoin, la probabilité que les banques françaises aient recours à un soutien de l’Etat reste « très élevée ».
« C’est la notion de soutien implicite de l’Etat », explique un analyste parisien qui n’a pas souhaité être nommé. « BNP, Crédit agricole et SocGen sont tellement gros que s’ils devaient défaillir, Moody’s est convaincu que l’Etat les soutiendrait. »
A la Bourse de Paris, après avoir ouvert en baisse, les titres des trois banques françaises sont repassés dans le vert.
Vers 10h20, BNP Paribas gagne 1,74% à 31,65 euros. Crédit agricole et Société générale progressent de respectivement 1,72% et 0,79%.
L’indice bancaire européen est au même moment en hausse de 0,46%.
“Le refinancement à trois ans par la Banque centrale européenne est une très bonnne nouvelle pour les banques, car il réduit le risque d’un accident dans le secteur”, estime Romain Burnand, co-fondateur de Moneta Asset Management. “Cela l’emporte sur les déceptions de certains investisseurs concernant l’avancée des négociations au sommet européen.”
Sous surveillance de S&P
Mardi, l’agence Standard & Poor’s expliquait de son côté que l’Etat français pourrait être contraint de soutenir le secteur bancaire si les tensions sur les financements devaient s’accentuer et si la qualité des actifs des banques venait à se dégrader. (voir )
Dans la foulée de sa mise sous surveillance avec implication négative de 15 Etats de la zone euro, dont la France, S&P a également mis mercredi la note de la plupart des banques européennes, dont toutes les grandes banques françaises, sous surveillance avec implication négative.
Très critiquées par les analystes pour leur dépendance aux refinancements à court terme, les banques françaises ont vu leur capitalisation boursière lourdement chuter avec l’aggravation de la crise de la dette dans la zone euro.
Depuis le début de l’année, BNP Paribas a ainsi vu sa capitalisation boursière reculer d’un tiers tandis que celles du Crédit agricole et de la SocGen ont été divisées par deux.
Malgré les tensions sur le refinancement, les banques françaises écartent tout besoin d’aide publique comme ce fut le cas après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers en 2008.
Pour s’adapter à la crise, elles ont lancé en septembre des plans de réduction de bilan. Elles s’efforcent dans le même temps de diversifier leurs refinancements pour abaisser notamment leurs besoins de financement en dollar.
“Nous trouvons des sources (de financement) sans avoir à nous tourner vers la BCE ou vers la Fed”, déclare Baudouin Prot, le président de BNP Paribas, dans une interview publiée vendredi dans le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Jeudi, l’Autorité bancaire européenne a revu à la baisse le besoin global de recapitalisation des banques françaises à 7,3 milliards d’euros contre une estimation initiale de 8,8 milliards.