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Le meeting du candidat à la présidentielle Etienne Tshisekedi a été avorté

Etienne Tshisekedi, le politicien et opposant historique au maréchal Mobutu, n'est pas parvenu à mobiliser ses partisans à Kinshasa. Il a appelé au départ du chef de l'ONU dans le pays.

AFP - L'opposant Etienne Tshisekedi, candidat à la présidentielle de lundi en RD Congo, a échoué à mobiliser ses partisans dimanche à Kinshasa pour un meeting auquel il a dû renoncer, après des violences samedi, et il a appelé au départ du chef de l'Onu dans le pays.

A 78 ans, l'irréductible politicien et opposant historique au maréchal Mobutu, qui avait boycotté l'élection présidentielle de 2006, avait appelé dans la matinée ses partisans à un rassemblement à 15H00 (14H00 GMT) au stade des Martyrs à Kinshasa, malgré la fin officielle de la campagne depuis samedi minuit.

Le leader de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) entendait "récupérer le temps perdu" après avoir été "privé" samedi de meeting dans la capitale, plutôt acquise à l'opposition, à la suite de l'interdiction soudaine de tous les rassemblements après la mort d'un homme par jet de pierre, officiellement "pour préserver la sécurité publique".

Les violences samedi à Kinshasa ont fait deux morts, selon les autorités, une dizaine selon l'UDPS.

A l'heure annoncée du meeting, les abords du stade des Martyrs, autour duquel un discret dispositif policier avait été mis en place, étaient calmes, aucun partisan de l'UDPS ne s'y pressait, a constaté l'AFP.

Vers 18H00, le secrétaire général de l'UDPS déclarait finalement à l'AFP que le meeting n'aurait "pas lieu".

Etienne Tshisekedi, qui début novembre appelait à "casser les portes des prisons" pour libérer ses "combattants", comptait visiblement sur ce rassemblement pour montrer sa force face au "candidat n°3", le jeune président sortant Joseph Kabila, 40 ans, dont le numéro a été martelé par les médias officiels pendant un mois de campagne.

Samedi, le leader de l'UDPS a été bloqué huit heures par la police à l'aéroport de Kinshasa à son retour de province.

Une demi-heure avant la fin de la campagne samedi à minuit, il a été contraint par la force de partir et de regagner Kinshasa sous escorte policière.

Peu avant il avait refusé d'être escorté par la Mission de l'ONU (Monusco), accusée d'être "complice du pouvoir".

Dimanche, M. Tshisekedi a demandé au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon de "rappeler immédiatement" le chef de la Monusco, l'Américain Roger Meece, accusé d'"amitiés" avec le pouvoir et réclamé "quelqu'un de "plus impartial et compétent".

Appels à la "retenue"

Dans un message à la nation, Joseph Kabila a appelé dimanche soir les Congolais à aller voter en masse et dans le calme.

"Notre pays vient de loin, d'une situation de guerre et de conflits en tous genres (...) Cette élection, a-t-il poursuivi, est un scrutin "pour la stabilité et l'avenir", en mettant en garde de ne pas revenir "à la case départ".

"Ni les menaces, ni les discours de haine ne pourront infléchir notre volonté de bâtir une nation démocratique et prospère", a conclu le président.

La "neutralisation" de Tshisekedi a été vivement condamnée par la Mission d’observation électorale de l’Union européenne qui a déploré cette "opération policière (...) contre le convoi d’un candidat présidentiel et les interpellations" opérées.

Pour l'UE il s'agit de "graves entraves au droit de mener campagne et au principe d’égalité qui devrait prévaloir".

Face à ce regain de tension, Ban Ki-moon a appelé dimanche à la "retenue" et au respect du "verdict des urnes". Il a tenu "à souligner la "responsabilité" du gouvernement congolais pour "assurer un environnement sécurisé pour les élections".

De son côté, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a affirmé dimanche que les élections auront bien lieu lundi.

"Nous sommes dans le bon et demain (lundi) les bureaux vont ouvrir le matin. (...) D'un point de vue technique il n'y a pas de report", a déclaré le pasteur Daniel Ngoy Mulunda lors d'un point presse.

Tags: RD Congo, ONU,