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Gazprom rachète les gazoducs bélarusses pour 2,5 milliards de dollars

En échange d'accords économiques destinés à aider le Bélarus, le géant Gazprom va devenir le propriétaire de la société Beltransgaz. Moscou et Minsk se sont également mis d'accord sur une baisse du prix du gaz russe à partir de 2012.

AFP - La Russie a obtenu vendredi le contrôle des gazoducs du Bélarus en échange d'accords économiques venant en aide à cette ex-république soviétique confrontée à une grave crise et sous le coup de sanctions occidentales en raison de la répression des opposants au régime.

A l'occasion d'une visite vendredi à Moscou de l'autoritaire président bélarusse Alexandre Loukachenko, le géant russe Gazprom a signé avec Minsk un accord sur le rachat pour 2,5 milliards de dollars 50% de Beltransgaz, qui assure le transit de gaz russe vers l'Europe.

"Ainsi, Gazprom deviendra le propriétaire de 100% de Beltransgaz", indique dans un communiqué le groupe russe, qui détenait déjà depuis 2007 la moitié du capital de la société bélarusse, acquise aussi à l'époque pour 2,5 milliards de dollars.

L'acquisition des 50% restants avait été mise à l'ordre du jour il y a plusieurs mois, alors que le Bélarus commençait à s'enfoncer dans la plus grave crise économique qu'il ait connue depuis l'arrivée au pouvoir de M. Loukachenko il y a près de 17 ans.

Plombé par un déficit commercial abyssal et une inflation galopante, ce pays d'Europe orientale s'est retrouvé confronté à une pénurie de devises et éprouve de fait depuis un besoin criant de financements.

La Russie avait conditionné toute aide à Minsk à la vente d'actifs de l'Etat bélarusse, afin qu'il renfloue ainsi ses caisses.

Les négociations entre Moscou et Minsk sur Beltransgaz ont longtemps buté sur le prix du gaz russe pour le Bélarus, qui réclamait une ristourne. Et vendredi, les deux pays ont fini par se mettre d'accord sur une réduction de la facture gazière à partir de 2012.

"Le prix du gaz pour le Bélarus s'établira en 2012 à 165,6 dollars les 1.000 mètres cubes", indique Gazprom, ajoutant que Minsk achèterait l'année prochaine 22,5 milliards de mètres cubes de gaz.

Un peu plus tôt, le Premier ministre russe Vladimir Poutine avait précisé que le Bélarus payait actuellement 244 dollars les 1.000 mètres cubes, et souligné que la concession de Gazprom représentait une économie annuelle de "pas moins de deux milliards de dollars" pour Minsk.

Le ministre russe de l'Economie, Sergueï Chmatko, a estimé que cet accord permettait de mettre "un gros point final, en gras" aux conflits gaziers qui avaient par le passé opposé Minsk et Moscou.

Leurs relations achoppaient en effet régulièrement sur les questions énergétiques, le Bélarus profitant de sa position d'important pays de transit pour les hydrocarbures russes pour faire pression sur son puissant voisin.

Les deux pays ont aussi signé vendredi un accord prévoyant l'octroi par la Russie d'un crédit pour la construction d'une centrale nucléaire au Bélarus.

Selon M. Poutine, ce prêt s'élève à 10 milliards de dollars, avec une échéance sur 15 ans.

Le projet avait été évoqué dès 2009 mais a été relancé début 2011, après que M. Loukachenko se soit retrouvé sous le coup de sanctions occidentales après la répression de l'opposition lors d'une manifestation fin 2010 à Minsk à l'issue de la dernière élection présidentielle, largement controversée.

Jeudi, le président de l'un des principaux mouvements de défense des droits de l'homme au Bélarus, Ales Beliatski, a d'ailleurs été condamné à quatre ans et demi de prison pour fraude fiscale.

Dans ce contexte, la Russie, qui tente d'avancer ses pions dans l'ex-espace soviétique, y a en effet vu une occasion de reprendre pied chez son voisin bélarusse, avec qui les relations ont été houleuses ces dernières années.

La semaine dernière, elle s'est accordée avec le Bélarus et le Kazakhstan sur une déclaration d'intention pour créer d'ici 2015 une Union économique eurasiatique.
 

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