Appelés aux urnes ce dimanche, les électeurs ont sanctionné le gouvernement socialiste. Le Parti populaire de Mariano Rajoy gagne ainsi 187 sièges de députés sur les 350 à prendre.
REUTERS - Les conservateurs du Parti Populaire (PP) ont remporté dimanche une victoire écrasante aux élections législatives en Espagne en profitant de la colère de la population envers le gouvernement socialiste pour sa gestion de la crise économique.
Selon des projections officielles effectuées après dépouillement de 78% des bulletins, le PP va disposer d'une majorité absolue au sein du Congrès des députés, avec 187 élus sur 350.
Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) a reconnu son humiliante défaite après plus de sept années au pouvoir.
Par une journée pluvieuse marquant le 36e anniversaire de la mort du dictateur Francisco Franco, les Espagnols se sont rendus aux urnes dans un climat maussade et de résignation, avec un chômage atteignant des sommets, des coupes dans les dépenses
publiques et un endettement plaçant leur pays au premier rang de la crise au sein de la zone euro.
"On peut choisir à quelle sauce on va être manger, mais on va être mangé de toute façon", a résumé Jose Vasquez, 45 ans, qui a voté tôt à Madrid.
Le résultat des élections promet des jours encore difficiles.
Mariano Rajoy, qui, en tant que patron du PP, devrait devenir le prochain chef du gouvernement, a promis de mettre en oeuvre des mesures d'austérité draconiennes pour tenter d'apaiser les investisseurs. Sa majorité absolue à la chambre basse du parlement devrait lui offrir les coudées franches pour appliquer sa politique.
S'exprimant devant des partisans en liesse réunis dans la soirée au siège du PP, il a prévenu que l'Espagne ne pourrait pas accomplir de miracle pour s'extraire de la crise mais que le pays devait regagner le respect sur la scène européenne.
Il a annoncé qu'il allait engager immédiatement des consultations avec toutes les régions pour examiner les moyens de surmonter la crise.
Percée des indépendantistes basques
Après deux échecs législatifs face aux socialistes, cet ancien ministre de l'Intérieur, âgé de 56 ans, ne devrait pas prêter serment avant le mois de décembre. Il devrait toutefois s'employer dans l'intervalle à rassurer les marchés obligataires en dévoilant en amont ses mesures pour réduire le déficit public et stimuler la compétitivité du pays.
Signe de la nervosité des investisseurs, les obligations à 10 ans espagnoles se sont échangées cette semaine à un taux proche de 7%, au plus haut depuis la création de la zone euro.
Les Espagnols reprochent au gouvernement sortant d'avoir tardé à réagir pour redresser l'économie et juguler le chômage dont le taux (21%) est le plus élevé de l'Union européenne.
L'électorat traditionnel des socialistes fait en outre grief à José Luis Rodriguez Zapatero, chef du gouvernement sortant, d'avoir subitement imposé en mai 2010 le tournant de la rigueur.
Malmené par la crise, ce dernier a décidé de ne pas briguer de troisième mandat et les socialistes avaient placé leurs espoirs dans Alfredo Perez Rubalcaba, qui a peiné toutefois à se démarquer du Premier ministre sortant.
Les électeurs socialistes semblent s'être réfugiés dans l'abstention ou les petits partis tels que la Gauche unie (ex-communiste) qui semble se diriger vers son meilleur résultat
depuis le milieu des années 1990.
Au Pays basque, les électeurs ont, pour la première fois depuis lontgemps, voté sans crainte de violences en raison de la fin de la lutte armée annoncée en octobre par les séparatistes d'ETA. Une nouvelle formation indépendantiste, Amaiur, a réussi une percée et devrait obtenir plusieurs sièges.
Contrairement aux Grecs dont les manifestations anti-austérité ont provoqué une crise politique, les Espagnols semblent prêts à se serrer la ceinture et à subir des coupes
budgétaires dans les domaines de la santé et de l'éducation sur fond de crise de la dette qui a eu raison des gouvernements grecs, portugais, italiens et irlandais.
A la veille des élections, quelque 200 manifestants issus du mouvement des "Indignados" se sont rassemblés à la Puerta del Sol à Madrid pour appeler au boycott des deux principaux partis du pays.
Relativement discrets lors de la campagne, les "Indignados" se disent prêts à manifester de nouveau une fois que le nouveau gouvernement aura présenté son plan d'austérité.