logo

L'établissement britannique, qui avait été nationalisé durant la crise de 2008, vient d'être racheté par sa compatriote Virgin Money. Northern Rock est la première banque sauvée par l'État à retourner au secteur privé.

AFP - Le gouvernement britannique a clos un chapitre en annonçant jeudi la vente à Virgin Money de la banque Northern Rock, devenue un symbole de la crise financière, premier d'une série d'établissements sauvés par l'Etat et également le premier à retourner au secteur privé.

L'Etat recevra 747 millions de livres (environ 875 millions d'euros) en numéraire lors de la finalisation de la vente, une somme qui pourrait monter jusqu'à 1 milliard de livres au total.

"C'est une première étape importante pour faire en sorte que le contribuable britannique ne soit plus impliqué dans le secteur bancaire. C'est une bonne affaire, qui va accroître le choix offert aux consommateurs et garantir l'emploi dans le nord-est" de l'Angleterre, où Northern Rock est basée, a assuré le ministre des Finances conservateur George Osborne.

L'Etat va toutefois récupérer moins que ce qu'il avait injecté pour sauver la banque.

"Les contribuables ont payé 1,4 milliard de livres et nous recevons moins en retour, nous allons donc subir une perte", a noté Ed Balls, l'un des leaders de l'opposition travailliste.

Le gouvernement avait donné en juin le coup d'envoi du processus de privatisation de la banque, qui était devenue durant la crise le premier d'une série d'établissements sauvés par l'Etat.

Depuis sa nationalisation, Northern Rock avait poursuivi ses activités mais au prix d'une sévère cure d'amaigrissement.

Elle avait été scindée en deux: une banque saine qui a poursuivi ses activités commerciales - partie reprise par Virgin Money - et une structure de défaisance chargée de liquider ses crédits hypothécaires à risque, pas concernée par la vente.

Virgin Money, filiale de Virgin Group fondée par l'homme d'affaires britannique Richard Branson, s'est engagée à ne pas procéder à de nouveaux licenciements pendant au moins trois ans, à conserver puis étendre le réseau de Northern Rock, et à maintenir le siège à Newcastle, dans le nord-est de l'Angleterre.

L'annonce a été saluée par les syndicats de la banque, qui a subi des milliers de suppressions d'emplois ces dernières années.

"Cette vente marque une étape importante après trois ans de turbulences et de bouleversements chez Northern Rock, et nous espérons que ce jour marque le début d'un avenir sûr", a commenté le syndicat Unite.

Avec la vente à Virgin, Northern Rock est la première des banques sauvées par l'Etat au moment de la crise financière à retourner au secteur privé.

L'Etat continue en effet de détenir des participations importantes dans deux établissements majeurs, avec plus de 80% de la Royal Bank of Scotland (RBS) et de 40% de Lloyds Banking Group.

Northern Rock est resté un symbole des effets dévastateurs de la crise financière en Grande-Bretagne.

A l'origine banque mutualiste d'envergure provinciale, jusqu'à sa cotation en Bourse en 1997, elle s'était ensuite hissée parmi les premiers établissements bancaires du Royaume-Uni, grâce à d'une politique de prêts particulièrement risquée, jusqu'à devenir à son apogée le premier prêteur immobilier du pays.

Mais ce bel édifice s'est écroulé comme un château de cartes dès septembre 2007, emporté par la crise du crédit déclenchée par la débâcle des prêts risqués "subprime" aux Etats-Unis.

La banque a alors été forcée de demander l'aide de la Banque d'Angleterre pour éviter la faillite, causant plusieurs jours de panique parmi les clients de la banque, qui retirèrent en masse leurs économies.

Le gouvernement a alors décidé de garantir le remboursement de la totalité de leurs dépôts et a fini par nationaliser la banque l'année suivante.