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Selon le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, 19 à 20 pays de l'Otan se sont engagés à augmenter leur contribution, civile ou militaire, en Afghanistan. En Europe, seules l'Italie et l'Allemagne ont promis d'y envoyer des renforts.

REUTERS - Une vingtaine de pays de l'Otan se sont engagés à accroître leur contribution, civile ou militaire, en Afghanistan, a annoncé vendredi Robert Gates.

Le secrétaire d'Etat américain à la Défense s'exprimait à l'issue d'une réunion des ministres de la Défense de l'Alliance atlantique, au cours de laquelle une approche plus régionale de la question afghane, impliquant le Pakistan, la Russie et l'Iran, a également été évoquée.

"Il y a eu de nouveaux engagements pris au cours des deux derniers jours, civils et militaires. Quelque 20 pays ont annoncé au cours de la réunion qu'ils allaient augmenter leur contribution", a déclaré Robert Gates à l'issue de la rencontre.

"Nous faisons une contribution additionnelle substantielle sur le plan militaire et si d'autres pays ne sont pas en mesure de renforcer leur engagement militaire, alors ils sont décidés et ils sont en mesure de faire une contribution sur le plan de la stabilité, de la gouvernance, du développement", a-t-il continué lors d'une conférence de presse.

Après la décision cette semaine de Barack Obama de dépêcher sur place quelque 17.000 soldats supplémentaires, Washington souhaitait que ses alliés de l'Alliance fassent un geste.

S'il s'est montré satisfait de la réponse européenne, le chef de la Défense américaine n'en a pas moins indiqué que des demandes concrètes seraient formulées aux Etats membres d'ici le sommet du 60e anniversaire de l'Alliance, qui se tient début avril à Strasbourg et à Kehl.

"Notre nouveau président n'a encore rien demandé à personne. Nous ferons ces demandes avant le sommet de l'Otan (...) Mais rien n'a encore été décidé", a dit Gates, tout en précisant s'attendre à ce que de nouvelles contributions "significatives" soient réalisées en lien avec cette échéance.  

Pas de renforts français à court terme

Alors que Washington et l'Alliance atlantique considèrent que 10.000 hommes supplémentaires, dont 3.000 Européens, sont nécessaires pour assurer le bon déroulement du scrutin présidentiel afghan, prévu pour août, aucun des 26 Etats membres n'a pris d'engagement concret en hommes à Cracovie.

Seuls l'Allemagne et l'Italie ont fait un effort, en marge de la réunion. Berlin a accepté jeudi le principe d'envoyer des soldats supplémentaires dans le cadre de ces élections et pourrait, selon des diplomates, porter sa contribution totale à 4.200 hommes.

L'Italie a de son côté annoncé mercredi qu'elle était disposée à faire passer son contingent de 2.300 à 2.800 soldats avant la fin avril.

La France, qui maintient à l'heure actuelle quelque 3.400 soldats en Afghanistan, a quant à elle répété qu'elle n'envisageait pas d'augmenter ce contingent à court terme.

L'Espagne ou encore la Grande-Bretagne rechignent également à dépêcher de nouvelles troupes sur place, estimant que leur contribution est déjà importante et qu'il revient à d'autres pays de bouger avant toute nouvelle décision de leur part.

En ouverture de la réunion, le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, avait pourtant estimé que de nouvelles contributions des 41 pays engagés en Afghanistan étaient indispensables pour améliorer le bilan décevant de l'Alliance atlantique dans le pays.

Approche régionale

Au-delà des forces civiles ou militaires nécessaires à la stabilisation et au développement de l'Afghanistan, la réunion de Cracovie a également été l'occasion d'évoquer une approche plus régionale de la question afghane.

"On a peut être considéré l'Afghanistan de manière trop isolée pendant trop longtemps. Nous n'avons pas suffisamment prêté attention à la dimension régionale", a indiqué Jaap de Hoop Scheffer, lors de la conférence de presse finale.

Cette approche élargie doit prendre en compte à la fois la Russie, mais aussi le Pakistan et, à terme, l'Iran.

"Dans le contexte régional, je pourrais envisager que l'Iran soit impliqué à un moment dans le temps, pas du jour au lendemain, dans ce dialogue (...) que l'Iran soit concerné par l'approche régionale", a-t-il expliqué.

Il s'était auparavant déclaré favorable à la reprise du dialogue Otan-Russie et, jeudi, il avait également fait de la stabilité du Pakistan un point clé de la mission des troupes de l'Alliance dans l'Afghanistan voisin.

"Nous approfondissons notre coopération avec le Pakistan parce que les mêmes personnes essaient de déstabiliser la situation aussi bien en Afghanistan qu'au Pakistan", avait-il fait valoir.