Les ONG empêchent-elles le business de tourner en rond ? Elles sont de plus en plus nombreuses à surveiller les investissements des multinationales et traquer les mauvais élèves du marché mondial. Le Journal de l’Intelligence Economique d’Ali Laïdi a rencontré l’une d’entre elle, la britannique Survival International.
Depuis 1969, Survival International, dont le siège est à Londres, livre une véritable guerre aux gouvernements et aux entreprises qui ne respectent pas le droit des minorités. En 40 ans, l’ONG s’est imposée comme le défenseur privilégié des peuples autochtones. Dernière victoire en date : le départ de Vedenta Resources des terres sacrés des Dongria Kondh petit peuple indigène d’Inde. Vedenta Resources est une compagnie minière britannique qui cherchait à exploiter un gisement de bauxite situé sur le territoire des Dongria. Grâce à l’action offensive de Survival - une manifestation contre Vedenta et la réalisation du film « Mine » pour mobiliser l’opinion - la minorité a repris possession de ses terres.
Car l’arme principale de l’ONG, c’est la communication. Et son champ de bataille préféré, c’est Internet. L’ONG envoie chaque semaine 3 communiqués de presse à l’attention de 15 000 journalistes dans 7 langues différentes. Stephen Corry, le président, peut se vanter des résultats de l’organisation. Grâce à cette communication offensive, « les causes défendues par l’ONG sont plus largement connues qu’autrefois ». Photos, témoignages, Survival publie tout sur son site internet et informe sur les injustices dont sont victimes les peuples partout dans le monde. Pour Jonathan Mazower, le directeur médias, « Internet permet aujourd’hui plus facilement aux gens intéressés par ces problèmes de nous trouver, de voir qu’il y a bien une organisation qui supporte cette cause. Internet change aussi complètement notre manière de mener nos campagnes et de transmettre nos informations. ».
Cette guerre sur la toile concerne aussi les réseaux sociaux. Facebook et Twitter sont aujourd’hui les meilleurs alliés des peuples autochtones.
Mais les campagnes de Survival sur le net ne sont pas du goût de tout le monde. Entreprises et gouvernements accusent parfois l’ONG de vouloir sanctuariser les cultures et freiner leur développement économique. Pour contrer les critiques, l’organisation a une règle d’or : s’appuyer sur une documentation très rigoureuse. Fiona Watson, la directrice des recherches sur le terrain, assure que chaque information publiée et diffusée a été scrupuleusement vérifiée.
Et la vérité dérange les affaires. Des géants pétroliers américains se retirent d’Amazonie, des compagnies malaisiennes stoppent la déforestation et la plantation des palmiers à huiles. Quand au Dongria Kondh, ils peuvent à nouveau pouvoir vivre en paix sur leurs terres sacrées.