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Les locaux de "Charlie Hebdo" détruits par un incendie criminel

Le siège de "Charlie Hebdo" a été attaqué dans la nuit de mardi à mercredi au cocktail Molotov alors que le journal satirique publie ce mercredi un numéro spécial élections en Tunisie et s'est rebaptisé pour l'occasion "Charia Hebdo".

AFP - Le siège de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, qui publie ce mercredi un numéro spécial rebaptisé "Charia hebdo" avec à la Une une caricature de Mahomet hilare a été détruit mercredi par un incendie criminel, une source policière parlant d'un jet de "cocktail molotov".

Cet incendie, accompagné d'un piratage du site internet du journal, survient alors que

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Réaction de Charb, directeur de la publication de "Charlie Hebdo"
Les locaux de "Charlie Hebdo" détruits par un incendie criminel

Charlie Hebdo, a fait du prophète de l'islam le "rédacteur en chef" de son numéro de ce mercredi, afin de "fêter la victoire" du parti islamiste Ennahda en Tunisie.

L'incendie, que le journal attribue à des activistes islamistes, s'est déclenché "aux alentours de 01H00" au 62 boulevard Davout (XXe arrondissement), est "maîtrisé et n'a fait aucun blessé", a-t-on indiqué de source policière.

"Il n'y a pas d'interpellation", a-t-on ajouté, tout en évoquant la piste d'un jet de "cocktail molotov" pour expliquer l'origine de l'incendie. "L'enquête devra le confirmer", a-t-on souligné.

Selon un journaliste de l'AFP, le rez-de-chaussée et le premier étage du bâtiment sont brûlés et noircis.
              

Le médecin urgentiste et chroniqueur Patrick Pelloux a dit sur place à l'AFP que le cocktail molotov aurait été lancé "sur la devanture et mis le feu au système informatique". "La police nous dit que deux personnes ont été vues en train de partir peu de temps avant le déclenchement de l'incendie", a précisé le directeur de la publication, le dessinateur Charb.

Malgré l'incendie, l'édition de ce mercredi sera bien dans les kiosques, a confirmé Charb. Pour lui, le sinistre est directement "lié" à la publication de ce mercredi.

"Sur Twitter, sur Facebook, on a reçu pas mal de lettres de protestation, de menaces, d'insultes", que la direction du journal s'apprêtait à transmettre à la police, a-t-il expliqué.

Et sur internet, peu avant 07H30, la page d'accueil du site du journal laissait apparaître une photo de la mosquée de La Mecque en plein pèlerinage, avec ce slogan: "Not god but Allah" ("Pas d'autre Dieu qu'Allah"), a constaté l'AFP.

"Les islamistes ont pris notre site internet", a réagi M. Pelloux.

Le journal avait déjà reçu des menaces lors de la publication des caricatures de Mahomet en 2006, mais le numéro de ce mercredi "n'a pas la même portée, c'est plus déconnant qu'autre chose", et seule la couverture avait été diffusée au moment de l'incendie, "pas le contenu" du journal, a souligné Charb.

En Une du journal, un dessin représente Mahomet hilare, avec ces mots: "100 coups de fouet, si vous n'êtes pas morts de rire!"

Le journal avait expliqué son choix lundi par sa volonté de "fêter dignement la victoire du parti islamiste Ennahda en Tunisie et la promesse du président du CNT que la charia serait la principale source de législation de la Libye".

En 2006, "la préfecture avait jugé" les menaces adressées au journal "sérieuses: un car de policiers avait été posté aux abords du journal et des gardes du corps détachés auprès des principaux dessinateurs", selon Charb.

Mais ces menaces n'avaient "jamais abouti à rien".

Sur place, l'incendie a "tout détruit, tout le rez-de-chaussée, où la rédaction est installée, a brûlé", a témoigné M. Pelloux. "C'est dramatique, tout est foutu", a-t-il ajouté.

"Si on devait faire un journal aujourd'hui, je ne sais pas si on pourrait le faire. Le poste de maquette a brûlé, il n'est plus du tout fonctionnel, il y a de la suie partout, les ordinateurs sont à mon avis morts, le système électrique a fondu", a précisé Charb. "Un tiers du journal ne ressemble plus à rien".

Les locaux de Charlie Hebdo du boulevard Davout abritent notamment la rédaction, le service de fabrication des maquettes, des bureaux et des stocks merchandising. Le journal avait quitté des locaux installés dans le IIIe arrondissement de Paris, rue de Turbigo.

La police judiciaire de Paris a été saisie de l'enquête.