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Alors que l'incendie qui ravage le Parc national de l'île de la Réunion serait en passe d'être maîtrisé, la polémique enfle autour des moyens engagés pour lutter contre le feu. L'opposition dénonce notamment une aide aérienne "insuffisante".
AFP - La polémique a enflé lundi sur les moyens engagés par l'Etat pour lutter contre l'incendie qui ravage le Parc national de La Réunion, qualifié de "désastre écologique" par le ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet.
Depuis le 25 octobre, quelque 2.700 hectares de ce site classé au patrimoine mondial de l'Unesco ont été parcourus par le feu, mais le préfet de la collectivité d'outre-mer, Michel Lalande, s'est montré rassurant lundi soir.
"La situation s'est améliorée. L'enveloppe (surface globale, NDLR) du feu n'a pas crû depuis 48 heures. J'espère pouvoir dire à terme assez rapproché que le feu est circonscrit, et beaucoup plus tard que le feu est éteint", a-t-il déclaré sur la chaîne privée locale Antenne Réunion.
Depuis ce week-end, socialistes, communistes et écologistes, auxquels se sont joints lundi quelques élus locaux de droite, ont dénoncé les moyens aériens notoirement "insuffisants" pour arroser les flammes, jugeant incompréhensible de ne pas recourir à l'avion bombardier d'eau Dash-8 de la Sécurité civile.
Alors que sa collègue ministre de l'Outre-mer Marie-Luce Penchard viendra constater la situation sur place mercredi sur place, Mme Kosciusko-Morizet a expliqué à l'AFP qu'envoyer des avions bombardiers d'eau depuis la métropole prendrait "au moins six jours". En outre le ravitaillement du Dash-8 à l'aéroport de Saint-Denis nécessiterait des rotations de 40 minutes, ce qui le condamnerait à quatre ou cinq interventions par jour maximum.
Le terrain étant "très accidenté" il faut "des largages plus précis" et "les hélicoptères sont mieux adaptés", a encore dit la ministre, alors que 11 maires et parlementaires réunionnais de tous bords ont adressé lundi une lettre à Nicolas Sarkozy exigeant des "moyens de lutte aériens adaptés".
"Huit hélicoptères dont seulement quatre bombardiers d'eau opèrent sur la zone", ont protesté les signataires PS, PCR, MoDem, UMP. Depuis Paris, le Parti socialiste et le PCF se sont émus de cette situation.
Interrogé sur le non déploiement du Dash-8, le préfet a réaffirmé sur Antenne Réunion qu'il n'était "pas adapté" à ce feu, s'appuyant sur "le retour d'expérience de l'an dernier", lors d'un précédent incendie qui avait détruit en octobre 2010 quelque 800 hectares du site.
L'appareil "a mis du temps à venir, il est tombé en panne et il n'a pu voler que le matin" en raison de la couverture nuageuse, a souligné M. Lalande.
"Je suis un professionnel qui essaie de répondre à une crise, je ne rentre pas dans le calendrier électoral. Ce que nous avons à combattre est un feu d'humus, un feu souterrain", a-t-il dit, en expliquant que l'avion bombardier était inefficace pour ce genre d'incendie "qui se propage par les racines avec des résurgences à plusieurs centaines de mètres plus loin".
Dans la journée le préfet avait souligné l'importance des moyens humains au sol, qui seront renforcés mardi matin par des nouveaux effectifs venus de métropole, le nombre total des pompiers déployés devant dépasser les 800.
"C'est la main de l'homme" qui est seule capable de "fixer" l'incendie en l'attaquant au sol, a-t-il dit, rappelant qu'en 2010 le Dash était arrivé une fois l'incendie circonscrit et qu'il n'avait fait que noyer les zones traversées par le feu.
Dimanche, les responsables d'Europe Ecologie-Les Verts, Eva Joly et Cécile Duflot, avaient dénoncé "la réaction dramatiquement insuffisante de l'Etat et des autorités locales", des propos qualifiés lundi par l'UMP d'"indécents" et à visée "électorale".
Sur les ondes locales ou les réseaux sociaux, les Réunionnais ont crié leur colère. "On se sent sous-Français, sous-équipés", a écrit l'un d'eux sur Google.