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David Cameron essuie une fronde massive des députés eurosceptiques

Le Premier ministre britannique a fait face, lundi, à la gronde des députés conservateurs eurosceptiques, malgré le rejet d'un amendement proposant un référendum sur le maintien de la Grande-Bretagne dans l'UE.

AFP - Les députés britanniques ont rejeté lundi soir un amendement proposant un référendum sur le maintien de la Grande-Bretagne dans l'UE, mais le vote a été l'occasion d'une rebellion massive des conservateurs eurosceptiques contre le Premier ministre David Cameron.

Au total, 483 députés ont voté contre l'organisation d'un tel référendum. Parmi les 111 favorables à une telle consultation figurent près de 80 députés conservateurs (soit 1 sur 4), qui avaient annoncé leur détermination à ignorer les consignes de vote du chef du gouvernement.

Le vote était purement consultatif, et la motion n'avait aucune chance d'être adoptée. D'autant que l'opposition travailliste et les libéraux-démocrates -alliés des conservateurs au sein de la coalition au pouvoir, et europhiles- y étaient hostiles.

Mais l'ampleur de la révolte parlementaire, sans précédent, constitue une défaite politique majeure pour M. Cameron, arrivé au pouvoir il y a 17 mois.

En début d'après-midi, il avait tenté de dissuader les rebelles de voter en faveur de la motion qui proposait d'offrir aux Britanniques trois options : le maintien dans l'Union européenne, la sortie ou une renégociation de liens plus distendus, axés sur le "commerce et la coopération".

"Notre intérêt national est d'être dans l'UE, d'aider à déterminer les règles qui régissent le marché unique, notre plus gros marché pour les exportations puisqu'il absorbe 50% de nos exportations", avait-il dit.

"Quand la maison de votre voisin brûle, votre premier réflexe est d'aider à éteindre l'incendie, au moins pour éviter que les flammes n'atteignent votre propre maison."

Contraint au grand écart au nom de la Realpolitik, M. Cameron élu sur un programme passablement eurosceptique, s'est employé lundi à rassurer ses troupes en rappelant avoir stoppé tout nouveau transfert de pouvoirs à Bruxelles, et mis en place "un verrou législatif" rendant obligatoire le recours à un référendum à chaque future velléité d'abandon de prérogatives au profit de Bruxelles. Il a enfin réitéré sa promesse de "rapatrier des pouvoirs", en matière de législation sociale et sur l'emploi notamment.

Le ministre des Affaires étrangères William Hague s'est également fait violence en assurant qu'un référendum reviendrait à poser "la mauvaise question au mauvais moment" avec pour effet d'"augmenter l'incertitude économique dans le pays à un moment difficile".

Le leader travailliste Ed Miliband a dit avoir l'impression d'assister à "la répétition d'un vieux film" où les tories s'entre-déchirent, et où M. Cameron "perdrait des amis." A commencer par le président Nicolas Sarkozy, qui aurait exprimé dimanche son ras-le-bol de "l'intimidation verbale" et du "côté Monsieur je-sais-tout-sur-tout" du chef du gouvernement britannique. Lequel s'est fait le champion des dix pays non-membres de l'euro, qui prétendent être associés aux décisions de l'eurozone.

"L'avenir de la Grande-Bretagne réside dans les pays émergents tels que la Chine, l'Inde et les nations d'Amérique latine", pas dans "l'UE rétrograde" qui promeut "le business inefficace et les agriculteurs français", a pour sa part plaidé le député tory Philip Davies.

"Ne refusez pas aux Britanniques le droit de répondre à la question au prétexte que vous redoutez leur réponse", a dit un autre conservateur, David Davies, fort d'un sondage dominical assurant que 66% des Britanniques souhaitent un référendum.

Après le vote, l'euroscepticisme qui sème la division depuis 40 ans chez les conservateurs promet d'handicaper à son tour M. Cameron, après avoir été le cauchemar de plusieurs de ses prédécesseurs, dont John Major dans les années 90.