logo

La mort de Kadhafi galvanise la contestation syrienne

Au lendemain de la mort de l'ex-dirigeant libyen, les opposants au régime syrien ont manifesté en nombre dans plusieurs villes du pays pour réclamer le départ de Bachar al-Assad. Au moins 19 personnes auraient été tuées lors des manifestations.

AFP - Les forces de sécurité ont tué au moins 19 civils vendredi en Syrie, où le mouvement de contestation contre le régime de Bachar al-Assad a été galvanisé par la mort de l'ancien dirigeant Mouammar Kadhafi en Libye.

Les Comités locaux de coordination (LCC), qui chapeautent sur le terrain le mouvement de contestation anti-Assad en Syrie, ont salué dans la mort du leader libyen déchu la "grande victoire de la troisième révolution arabe, qui envoie des signaux déterminants aux tyrans de la région".

C'est "un nouveau signe de l'échec des options sécuritaires et militaires face à la volonté des peuples qui réclament la liberté, la justice et l'égalité", ont-ils ajouté.

L'Instance générale de la révolution syrienne, qui rassemble plusieurs groupes syriens d'opposition, a relevé des "similarités entre les révolutions libyenne et syrienne, s'agissant de l'oppression et les meurtres et la tyrannie, la corruption..."

Comme chaque vendredi depuis le début mi-mars de la contestation en Syrie, les militants ont appelé sur leur page Facebook "The Syrian Revolution" à des manifestations contre M. Assad, avec cette semaine un hommage particulier au peuple libyen. "Ton tour est venu Docteur (Assad)", ont-ils écrit.

"Le peuple libyen a poursuivi son dirigeant en fuite, de ville en ville, de quartier en quartier, pour finir par le retrouver dans un égout", ont-ils ajouté, félicitant les Libyens pour la chute et la mort de Mouammar Kadhafi, tué jeudi après avoir été capturé par des combattants du nouveau régime libyen.

Comme chaque vendredi, les manifestants sont descendus par milliers dans les rues dans de nombreuses villes de Syrie pour appeler à la chute du régime Assad. Cette semaine, ils ont crié aussi leurs "félicitations" aux Libyens.

A Homs, haut lieu de la contestation dans le centre du pays, 15 civils ont été tués, deux par des tirs à un poste de contrôle militaire, cinq lors de perquisitions, deux par un tireur embusqué et six autres lors de la dispersion de manifestants, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

L'organisation a fait état de "tirs nourris dans la ville, où des véhicules blindés de transports de troupes ont pris position".

Selon les LCC, "toutes les mosquées de Qousseir (dans la région de Homs) ont été fermées par les forces de sécurité qui ont imposé un couvre-feu".

A Hama (centre), deux civils ont été tués par un tireur embusqué et dans la dispersion d'une manifestation, ont dit les LCC, en évoquant une manifestation massive à Sahl el-Ghab, où les forces de sécurité sont intervenues. Selon l'OSDH, un homme âgé a péri écrasé par un véhicule militaire.

Dans le sud, un civil a péri sous des tirs nourris des forces de sécurité sur une procession funéraire dans la région de Deraa (sud), a ajouté l'OSDH, en faisant état de plusieurs blessés.

Dans le nord-ouest, l'armée a dispersé une marche devant la Grande mosquée dans la région d'Idleb, et les manifestants se sont regroupés ailleurs, selon l'OSDH. Une personne a été tuée lors des opérations militaires.

Sur la côte ouest, "les troupes ont pourchassé des manifestants sortis de mosquées de Banias", a ajouté l'ONG.

Dans la banlieue de Damas, les LCC ont fait état d'"un déploiement de l'armée à Saqba, Kfarbatna, Hammouriyyé et Jesrine et de nouveaux postes de contrôle fouillant piétons et véhicules alors que des franc-tireurs étaient postés sur les toits des immeubles".

Malgré les pressions internationales et régionales, le régime de Bachar al-Assad, tout en disant vouloir procéder à des réformes, continue de réprimer dans le sang le mouvement de contestation dont il refuse d'admettre l'ampleur, accusant "des gangs terroristes armés" d'être à l'origine des violences.

Ces dernières semaines, les associations syriennes ont fait état d'une multiplication des accrochages armés meurtriers entre les forces de sécurité et des déserteurs présumés syriens.

Selon l'ONU, plus de 3.000 personnes, en grande majorité des civils, ont péri dans la répression depuis le début de la contestation.