Épargnés par les inondations qui ont submergé plus d'un tiers du pays, les habitants de Bangkok ont été priés par le gouvernement de mettre leurs biens à l'abri. La capitale se prépare en effet à être inondée afin d'évacuer l'eau vers la mer.
AFP - La Premier ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra a demandé vendredi aux habitants de Bangkok de protéger leurs biens, en prévision de probables inondations dans une capitale dont le centre-ville était encore à sec mais se préparait au pire.
L'annonce est intervenue au lendemain de sa décision de demander à la ville d'ouvrir toutes ses écluses, pour permettre l'évacuation des eaux qui inondent depuis plusieurs jours une immense plaine au nord de la capitale et qu'il est devenu impossible de maîtriser.
Cette mesure fait notamment courir le risque que canaux et rivières débordent par endroits dans la mégalopole de 12 millions d'habitants.
"Je demande à tous les résidents de Bangkok de déplacer leurs biens en hauteur par précaution, mais ils ne doivent pas paniquer, simplement se préparer", a indiqué Yingluck aux journalistes, depuis le centre de secours mis en place à l'aéroport domestique de Don Mueang.
"Nous évaluerons la situation et informerons le public régulièrement".
Le gouvernement, qui subit son premier vrai test depuis sa prise de pouvoir en août, se bat d'arrache-pied depuis deux semaines pour empêcher la capitale d'être gagnée par les eaux et s'était jusqu'à présent voulu plutôt rassurante pour le centre-ville.
Des dizaines de kilomètres de digues de fortune, en sacs de sable, ont été érigés, pendant que les stocks d'eau potable étaient dévalisés et que la grande banlieue abandonnait les voitures pour les bateaux et se prêtait aux évacuations de masse.
Les inondations, provoquées par une saison de mousson anormalement abondante, ont fait au moins 320 morts.
Le gouvernement a mobilisé 50.000 soldats et 30.000 policiers, postant notamment des hommes près des digues pour empêcher leur destruction volontaire par les habitants des zones déjà submergées.
Yingluck a promis de dégager les axes de communication majeurs, notamment les voies express surélevées, sur lesquels des résidents ont garé leurs véhicules. "Nous demanderons à des responsables de la sécurité de superviser des sites importants, tels que le Palais (royal) et l'aéroport (international) Suvarnabhumi".
L'opposition avait réclamé mercredi l'état d'urgence pour donner plus de pouvoir aux militaires et permettre notamment les évacuations de force et l'interdiction de certains axes à la circulation. Une option que le gouvernement a jusqu'à présent refusé.
"Je vais réfléchir à l'état d'urgence, mais nous ne sommes pas favorable à ce genre de situation", a-t-elle déclaré vendredi. "La coopération des militaires est déjà satisfaisante et en réalité, je ne suis pas sûre que l'état d'urgence améliorerait" le problème.
Yingluck se voit reprocher depuis plusieurs jours indécision et déclarations contradictoires. La soeur de l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, une femme d'affaires entrée en politique deux mois avant les élections de juillet, peine à convaincre sur ses capacités à gouverner.
Le ministre de la Justice Pracha Promnog, patron du Centre de secours, a émis de son côté une alerte pour deux districts du nord de la ville situés juste derrière une digue et qui pourraient être brusquement envahis par les eaux si elle venait à céder.
"Nous craignons que la digue ne résiste pas à la pression de l'eau qui envahirait alors les districts de Lak Si et Don Mueang", a-t-il déclaré à la télévision.
Avant même que Bangkok ne soit en danger, la facture totale des inondations avait été évaluée à plusieurs milliards d'euros.