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Le Nobel de littérature décerné au poète suédois Tomas Tranströmer

Le prix Nobel de littérature 2011 a été attribué au poète suédois Tomas Tranströmer. Âgé de 80 ans, l'auteur de "La Grande Énigme" a publié une quinzaine de recueils et a été traduit dans plus de soixante langues.

AFP - Le prix Nobel de Littérature 2011 décerné jeudi au Suédois Tomas Tranströmer récompense un poète de 80 ans pour la simplicité de son écriture qui ouvre plus largement les portes du réel et grandit l'être humain.

Tranströmer, psychologue de formation, est récompensé "car, par des images denses, limpides, il nous donne un nouvel accès au réel", selon l'Académie.

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il est traduit dans 55 langues
Le Nobel de littérature décerné au poète suédois Tomas Tranströmer

"Il parle de la mort, de l'histoire et de la mémoire qui nous regardent, nous façonnent et nous rendent importants (...) on ne peut jamais se sentir petit après avoir lu la poésie de Tranströmer", a commenté le secrétaire de l'Acédémie suédoise Peter Englund.

Le lauréat a reçu une meute de journalistes jeudi après-midi dans le hall de son immeuble. Victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC) en 1990, il est arrivé en s'appuyant à une canne, secondé par son épouse Monica qui est sa porte-parole depuis des années, répondant parfois à sa place ou l'interrompant même, comme pour abréger ses difficultés.

"Merveilleux", a-t-il réussi à dire avec une difficulté d'élocution manifeste à un journaliste qui lui demandait ce qu'il éprouvait.

"Il ne pensait pas ressentir (cette joie) un jour", avait déclaré Monica à l'agence de presse suédoise TT immédiatement après l'annonce du Nobel.

Tomas Tranströmer est le septième Suédois récompensé d'un Nobel de Littérature et le premier poète depuis la Polonaise Wislawa Szymborska en 1996.

"La plupart des recueils de poésie de Tranströmer sont empreints d'économie, d'une qualité concrète et de métaphores expressives", explique l'Académie.

Bien que n'étant "pas un auteur prolifique", Tranströmer était déjà le plus connu des poètes scandinaves et la simplicité et l'expressivité de ses poèmes ont permis une traduction de son oeuvre dans plus de 60 langues, selon M. Englund.

Le traducteur français et ami du poète, Jacques Outin, a déclaré à l'AFP que Transtömer était "le poète contemporain le plus traduit au monde, célébré dans l'univers de la poésie, où il est un modèle, mais qui reste en France méconnu".

"C'est le grand maître de la métaphore. Le poète russe Joseph Brosky, prix Nobel 1987, qui l'admire, a avoué lui avoir emprunté plusieurs métaphores", relève-t-il.

"Il y a un décalage, comme souvent, entre la portée universelle de son oeuvre et l'homme simple, chaleureux, musicien et amoureux de la nature, de la grande forêt suédoise et de la neige. C'est un homme qui respire la sagesse et la gentillesse", a ajouté M. Outin.

L'oeuvre de Tranströmer, qui a commencé par des poèmes traditionnels sur la nature, s'est peu à peu assombrie, elle est devenue plus personnelle et plus libre, à la recherche de la transcendance et de la compréhension de l'inconnu.

Dans ses derniers recueils, et notamment l'ultime paru en 2004 et qui regroupe 45 haïkus, ces petits poèmes d'origine japonaise extrêmement brefs visant à traduire l'évanescence des choses, il "tend à un format encore moindre et à un degré encore plus grand de concentration", explique l'Académie suédoise.

M. Englund a souligné que "cela faisait 40 ans qu'un Suédois n'avait pas gagné" et que Tranströmer "était pressenti chaque année depuis 1993".

Malgré cela, "il a été surpris" en recevant le fameux coup de téléphone lui annonçant la grande nouvelle, "il écoutait de la musique", a raconté M. Englund.

Tranströmer écoute de la musique tous les matins et joue du piano quotidiennement mais de la main gauche seulement car la droite en est désormais incapable.

Né le 15 avril 1931 à Stockholm, Tomas Tranströmer a été élevé par sa mère après le départ, très tôt, de son père.

Ayant obtenu son diplôme de psychologie en 1956, il a été embauché à l'Institut psychotechnique de l'université de Stockholm, avant de s'occuper en 1960 de jeunes délinquants dans un institut spécialisé.

Tout en édifiant une riche oeuvre poétique, il a travaillé avec des handicapés, des condamnés et des toxicomanes.

Le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt s'est dit "heureux et fier" de ce prix qui pourrait entraîner "une plus grande attention à l'étranger pour la littérature suédoise".

L'annonce officielle du prix a été précédée de quelques minutes par une annonce erronée de la télévision serbe RTS, trompée par un faux site extrêmement semblable au site officiel du comité Nobel et qui attribuait le prix de Littérature à Dobrica Cosic, écrivain et fervent défenseur du nationalisme serbe. La RTS a rapidement publié des excuses.

Tomas Tranströmer, qui succède au romancier hispano-péruvien Mario Vargas Llosa, recevra son prix, et notamment un chèque de 10 millions de couronnes (1,08 million d'euros), le 10 décembre lors d'une cérémonie officielle à Stockholm.