Le Turc Göksin Sipahioglu, fondateur de la célèbre agence de photojournalisme Sipa, est décédé ce mercredi à l'âge de 84 ans. Ce grand homme de la photo avait lancé la carrière de nombreux talents.
AFP - Le photographe et grand reporter turc Göksin Sipahioglu, fondateur de l'agence Sipa Press et figure du photojournalisme, est décédé mercredi à l'âge de 84 ans, a-t-on appris auprès de Sipa.
Né le 28 décembre 1926 à Izmir, en Turquie, Göksin Sipahioglu a été longtemps correspondant pour le quotidien turc Hürriyet avant de fonder Sipa en 1973, l'une des trois grandes agences de photojournalisme en "a", avec Gamma et Sygma, qui ont fait de Paris la capitale mondiale du photojournalisme dans les années 70.
"C'était l'un des derniers seigneurs du métier, ce mec a découvert tellement de photographes qui lui doivent leur carrière, il a aidé tellement de jeunes à qui il a donné leur première chance", a déclaré à l'AFP Jean-François Leroy, directeur du festival du photojournalisme Visa pour l'image.
"Göksin était un géant, il avait toujours gardé cette passion du news, du scoop", a-t-il ajouté, très ému.
Göksin Sipahioglu a dirigé Sipa pendant 30 ans. Il a vendu son agence en 2001 à Sud Communication, le groupe de médias de l’industriel français Pierre Fabre, avant d'en quitter sa présidence en 2003. L'agence a été rachetée en 2011 par l'agence allemande DAPD.
"De la crise des missiles de Cuba au coup de Prague, de la tragédie des Jeux Olympiques de Munich aux événements de Mai 1968, peu d'événements ont échappé à son objectif", indique un communiqué de Sipa Press annonçant sa disparition.
Ce grand homme de la photo avait réussi à entrer à Cuba à bord d'un cargo turc acheminant du blé. "J'avais un passeport de matelot, j'ai pris mes photos et quarante quotidiens américains en ont fait leur Une", racontait-il en 2008 à l'AFP, à l'occasion d'une exposition au festival Visa pour l'image de Perpignan de ses clichés pris à Paris en 1968.
Il disait alors avoir encore "des idées de sujets plein la tête", même s'il reconnaissait avoir encore du mal à "tourner la page" après avoir été écarté de Sipa en 2003.
Il a mis le pied à l'étrier à des dizaines de reporters, parmi lesquels Abbas, Patrick Chauvel ou Françoise de Mulder.
Agence emblématique, Sipa emploie une centaine de personnes à Paris dont 25 photographes et fait travailler plus de 600 correspondants.