Confrontée aux critiques, l'armée a accepté d'amender une loi électorale qui, selon les opposants, favorisait le retour de proches de Moubarak. Une décision qui permettrait d'éviter un boycott massif des élections législatives du 28 novembre.
AFP - L'armée, qui dirige l'Egypte depuis la chute en février du président Hosni Moubarak, a accepté samedi d'amender une loi électorale controversée que de nombreux partis ont critiqué menaçant de boycotter les prochaines élections, a indiqué une source militaire à l'AFP.
Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) a accepté d'amender l'article 5 de la nouvelle loi pour permettre aux partis politiques de présenter des candidats pour le tiers des sièges jusqu'ici réservé aux indépendants au sein du Parlement égyptien.
La décision est intervenue après une rencontre entre le chef d'état-major Sami Anan et des membres de la Coalition démocratique, une alliance électorale regroupant l'influent parti des Frères musulmans et une trentaine de formations, de toutes obédiences, y compris laïques, notamment le parti libéral Wafd, selon une source militaire.
La rencontre s'est tenue au lendemain d'une importante manifestation sur la place Tahrir du Caire pour exiger une accélération des réformes.
Au cours de cette réunion, les partis ont réclamé l'abrogation de l'article 5 de la loi électorale élaborée par l'armée qui stipule que deux tiers des sièges au Parlement doivent revenir à des candidats affiliés à des partis et que le tiers restant se compose de personnalités indépendantes.
L'armée avait déjà annoncé mardi que les premières élections législatives depuis la chute du régime d'Hosni Moubarak se tiendraient sur quatre mois à partir du 28 novembre, après quoi l'armée a promis le retour à un pouvoir civil, avec une élection présidentielle en 2012.
Mais la Coalition démocratique a menacé de boycotter ces élections, estimant que l'article 5 favorisait un retour de proches de M. Moubarak.
Sami Anan est le numéro 2 du CSFA, qui dirige l'Egypte depuis la chute le 11 février du président Hosni Moubarak, renversé par une révolte populaire.
Cette rencontre intervient alors que plusieurs milliers de manifestants sont revenus vendredi sur la place Tahrir en accusant l'armée de gérer le pays de manière opaque et de perpétuer le dispositif répressif du passé, à deux mois du début d'élections législatives aux modalités contestées.
Certains manifestants, restés sur la place en affirmant qu'ils ne partiraient qu'une fois leurs revendications satisfaites, ont été délogés samedi par les forces de l'ordre, a annoncé l'agence de presse officielle Mena.
Plusieurs manifestants ont été arrêtés après avoir refusé de quitter la place et avoir jeté des pierres sur les forces de sécurité, a ajouté l'agence. La plupart des organisations qui avaient participé au rassemblement de vendredi avaient annoncé qu'elles ne prendraient pas part à ce sit-in.
Une dizaine d'arrestations avaient déjà eu lieu vendredi quand 300 manifestants ont tenté de se rendre au ministère de la Défense.
Le CSFA a régulièrement affirmé son engagement en faveur de la démocratie. Des manifestants se rassemblent toutefois presque chaque semaine sur l'emblématique place Tahrir pour exprimer leur colère et leur frustration quant à sa gestion de la transition.